Habillés en tenue de policiers, les mis en cause suivaient et arrêtaient des trafiquants de drogue pour dérober leurs produits.

Ils se faisaient passer pour des policiers et en utilisaient leurs méthodes pour traquer des cibles : six hommes sont jugés à partir de jeudi devant le tribunal correctionnel de Paris pour avoir volé des trafiquants de drogue. Les coups étaient minutieusement préparés. Le petit groupe est suspecté d’avoir surveillé de près les trafiquants visés avant de passer à l’action, par des filatures directes ou à l’aide de mouchards placés sur leurs véhicules. Ils enfilaient alors des tenues de policiers, brassard orange autour du bras et armes à la main, pour leur dérober leurs produits stupéfiants, principalement du cannabis.

Accusés de séquestration, de vol aggravé et de participation à une association de malfaiteurs pour des faits entre 2019 et 2021, quatre des six hommes sont en détention provisoire. Trois femmes sont également mises en cause pour blanchiment d’argent en bande organisée. Un premier prévenu a été entendu jeudi au tribunal correctionnel de Paris : un chauffeur de bus de 34 ans, en congé sans solde de la RATP depuis plusieurs années. Il a récemment été extradé des Émirats arabes unis après avoir échappé à une tentative d’interpellation à l’automne 2021 alors qu’il se trouvait à l’étranger.

Déjà condamné pour vol avec violence

«Je ne savais pas pourquoi j’étais recherché. J’ai préféré prendre du recul», dit-il à la barre après avoir laissé femme et enfant en France. «Vous avez beaucoup reculé», ironise la présidente, perplexe sur le mode opératoire du groupe. «C’est plus simple de voler de l’argent que des stupéfiants, mais pourquoi pas…». L’ancien chauffeur de bus, déjà condamné par le passé pour vol avec violence, affirme avoir travaillé dans l’immobilier à Dubaï et s’être finalement «rendu» pour pouvoir s’«expliquer» devant la justice. Il reconnaît la surveillance d’une cible au printemps 2021, avec l’aide d’une «taupe» infiltrée parmi des trafiquants, mais l’opération, jugée trop risquée, avait finalement été abandonnée.

Le robuste trentenaire nie les autres faits, notamment la séquestration en octobre 2020 d’un homme condamné pour trafic de drogue, chez qui de «gros sacs» ont été dérobés et des armes retrouvées, dont un fusil à pompe. L’air penaud, la mémoire souvent défaillante, il peine à expliquer les milliers d’euros dépensés dans des articles de luxe, les voyages à l’étranger, les gros virements ponctuels sur ou depuis son compte ou la montre Rolex «prêtée» par un ami. Le procès doit se poursuivre jusqu’au 18 juin.