Qui est Ioulia Navalnaïa, l’opposante contre laquelle Moscou a délivré un mandat d’arrêt ?
« Nos intérêts sont les mêmes », rappelle Ioulia Navalnaïa, installée aux côtés de deux autres opposants de renom – Vladimir Kara-Mourza et Ilia Iachine – tous deux fraîchement sortis de l’enfer du goulag. La stabilité, la sécurité et la prospérité en Europe ne seront pas possibles sans une Russie libre et démocratique. Et quel est l’obstacle à une telle Russie ? Un seul homme, Vladimir Poutine, au pouvoir depuis vingt-cinq ans. Vingt-cinq ans de lutte contre les droits humains à emprisonner, torturer, tuer ses opposants politiques, lancer des guerres d’agression et menacer le monde de guerre nucléaire ».
Vladimir Kara-Mourza : « Il faut dès maintenant se préparer à la fin du régime de Vladimir Poutine, tout va aller très vite »Des citoyens montrés du doigt
Le message porté par les trois citoyens exilés en Europe est univoque : pitié, ne mettez pas tous les Russes dans le même panier. « Des millions d’entre nous sont opposés à Poutine, à la guerre, et deviendront le moteur du changement le moment venu », insiste Ioulia Navalnaïa. En 1990 des millions de personnes se sont lancées dans les rues de l’ancien bloc soviétique et ont pris le pouvoir. Je suis certaine que ça se produira à nouveau en Russie. Il y a des gens pour cela, nous parlons ici en leur nom. En Europe, on les montre du doigt pour ce que fait le régime de Poutine, mais ces gens sont les victimes et non les soutiens du régime. Ce sont eux qui construiront une Russie libre et démocratique. Il faut les soutenir pour pouvoir travailler avec eux plus tard. Comment ? En les aidant à se protéger et en leur montrant des perspectives, pour qu’ils ne se sentent pas isolés ». En d’autres termes, assez de palabres et de soutien de façade, il est temps de passer aux actes.
Lancement d’une télévision d’opposition
« L’Union européenne a préféré consacrer 5,5 millions d’euros à Radio Free Europe – une organisation américaine – qu’à un grand nombre de médias russes qui travaillent en résistance contre les autorités russes depuis trois ans et demi et parlent à des millions de personnes malgré les obstacles », regrettent en cœur les trois activistes. Or, ces médias survivent à peine ».
Mercredi, la veuve d’Alexeï Navalny s’est d’ailleurs rendue à Paris pour annoncer le lancement d’une chaîne de télévision russe d’opposition baptisée « Futur de la Russie », diffusée via le bouquet satellite Svoboda qui couvre pratiquement tout le territoire russe. Géré par Reporter Sans Frontières (RSF), « Svoboda » a été « conçu pour apporter des informations fiables aux populations de régions touchées par la désinformation et la propagande, et est désormais accessible à 4,5 millions de foyers au sein de la Fédération de Russie », indique l’organisation française de protection de la liberté de la presse. « Vladimir Poutine veut faire croire au monde entier que la Russie, c’est lui », concluait Vladimir Kara-Mourza ce jeudi. Sa machine de propagande ne cesse de marteler ce message […] Mais une très large part de la société russe croit en un avenir démocratique et pacifique pour le pays ».