• Luiz Inácio Lula da Silva a entamé une visite officielle en France ce jeudi 5 juin, la première pour un président brésilien depuis 2012.
  • Lula et Emmanuel Macron doivent aborder des sujets sensibles et sur lesquels ils ont parfois des vues divergentes.

Ce jeudi 5 juin, le président brésilien, Luiz Inácio Lula da Silva (nouvelle fenêtre), a entamé une visite d’État de deux jours en France, avant de se rendre à Nice du 9 au 13 juin pour la troisième Conférence des Nations unies sur l’Océan. Un moment important dans les relations bilatérales entre les deux pays : aucun président brésilien ne s’était rendu à Paris depuis Dilma Rousseff, en 2012. Côté français, l’Élysée espère que cette entrevue permettra de « retrouver des convergences avec le Brésil », considéré comme partenaire stratégique alors que Brasilia assure pour six mois la présidence du Mercosur.

Plusieurs dossiers délicats sont à l’ordre du jour : l’accord de libre échange entre le Mercosur et l’Union européenne (nouvelle fenêtre), la guerre en Ukraine ou encore la reconnaissance de l’État palestinien. Autant de sujets sur lesquels les positions divergent, même si les relations entre les deux pays restent globalement bonnes.

Ouvrez un petit peu votre cœur

Le président Lula à Emmanuel Macron

« Mon cher Macron, ouvrez un petit peu votre cœur », a lancé Lula lors d’une conférence de presse en référence aux discussions sur le Mercosur, dossier prioritaire pour le président brésilien. L’accord commercial entre le Marché commun du Sud et l’Union européenne (UE) a été signé en décembre 2024 par Bruxelles, malgré l’opposition de la France, première puissance agricole du Vieux Continent. Depuis, le chef de l’État n’a cessé de rassurer les agriculteurs français, affirmant qu’il ne soutiendra pas le texte.

De son côté, Lula défend fermement le texte. « Cet accord serait la meilleure réponse que nos régions puissent apporter face au contexte incertain créé par le retour de l’unilatéralisme et du protectionnisme tarifaire », a-t-il expliqué, avant d’ajouter :  « Je ne quitterai pas la présidence du Mercosur sans un accord avec l’Union européenne ». Emmanuel Macron, lui, reste prudent. « On a interdit à nos agriculteurs d’utiliser des composants, on leur a demandé de changer leurs pratiques et c’est une bonne chose. (…) Mais les pays du Mercosur ne sont pas du tout au même niveau réglementaire. Donc il y a très clairement une différence majeure qui n’est pas une différence de compétitivité, de spécialité mais de normes », a déclaré le président français. 

Des positions différentes sur les conflits internationaux

Autre point de désaccord entre les deux pays : la guerre en Ukraine. Brasilia continue d’entretenir de bonnes relations avec la Russie et observe une attitude de neutralité vis-à-vis du conflit. Début mai, Lula s’est rendu à Moscou pour commémorer les 80 ans de la victoire sur l’Allemagne nazie. Et ambitionne désormais de devenir un médiateur d’un accord de paix, sans grand succès.  

Cette posture de neutralité est mal perçue par Paris, qui souhaite que le Brésil se positionne plus clairement contre Moscou. « Il y a un agresseur, c’est la Russie. Il y a un agressé qui est l’Ukraine. Nous voulons tous la paix, mais on ne peut pas traiter les deux belligérants de manière équidistante », a déclaré jeudi le locataire de l’Élysée, soulignant le « rôle très important » que pourrait jouer le Brésil dans la recherche d’une solution durable.

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Sur la question de Gaza en revanche, Lula a toujours fait partie des voix les plus critiques d’Israël, qualifiant dès février 2024 la guerre de « génocide ». Si la France, de son côté, a fait preuve de davantage de prudence, Emmanuel Macron durcit le ton et voit désormais en Lula un potentiel allié sur ces questions. Le 17 juin, la France co-présidera avec l’Arabie Saoudite une conférence sur la reconnaissance de la Palestine.

Athenais CORNETTE DE SAINT CYR