Le blocage de conteneurs à destination d’Israël prend de l’ampleur, au port de Marseille-Fos. Au lendemain du blocage de dix-neuf palettes chargées de pièces détachées pour fusils-mitrailleurs fabriquées par l’entreprise marseillaise Eurolinks, les dockers ont empêché le chargement de deux nouveaux conteneurs, jeudi 5 juin, selon une information des médias Disclose et The Ditch, confirmée par la CGT des dockers.

« Aujourd’hui, toujours informés par divers réseaux, c’est avec écœurement que nous avons découvert deux autres conteneurs qui devaient embarquer sur le bateau Contship Era, relate le syndicat dans un communiqué. Il s’agit, d’après nos informations, de tubes de canons fabriqués par la société Aubert & Duval à Firminy. »

« Les travailleurs du port ne veulent pas être complices de massacres »

Les dockers ont bloqué la cargaison, qui devait transiter vers le port d’Haïfa, en Israël. « Le port de Fos ne doit pas servir à expédier des munitions ou des armes pour n’importe quelle guerre que ce soit. Les travailleurs du port ne veulent pas être complices de massacres, de pertes de vies humaines. »

Société métallurgique française, Aubert & Duval fournit des pièces en acier à plusieurs industries, dont celle de l’armement. Selon Disclose, ce sont « cinq colis » qui ont été bloqués.

Le média d’enquête affirme que les tubes pour canon ont été « achetés par le fabricant d’armes Elbit Systems », comme les maillons de munitions précédemment bloqués.

La CGT menace d’actions si elle découvre de nouvelles cargaisons

Contacté, le ministère des Armées maintient que « la France ne fournit pas d’armes à Israël », mais « exporte » des composants « au cas par cas », par exemple dans le cas d’Eurolinks « pour assemblage final en Israël, avant réexportation vers des pays tiers selon des modalités qui prennent en compte les engagements internationaux de la France ».

« La licence avait été accordée dans le but d’être réexportée depuis Israël vers d’autres pays, précise le ministère, dont la France, et non pour une utilisation par les forces armées israéliennes, à Gaza ou ailleurs. »

Cette « obligation de réexportation » était aussi imposée pour la livraison du 5 juin, réagit le ministère.

La CGT du golfe de Fos, elle, avertit qu’elle « répondra autrement dans les jours et semaines à venir en mobilisant l’ensemble des dockers et portuaires » si « certains continuent à vouloir faire passer ce type de marchandises par notre port ». Le syndicat a reçu le soutien de Sophie Binet, secrétaire générale de la CGT. Elle a appelé le gouvernement à « bloquer immédiatement » les livraisons d’armes vers l’État hébreu.