Sandrine Rousseau lors du vote d’une motion de censure sur la deuxième partie du PLFSS 2025 à l’Assemblée nationale. (Paris, le 10 février 2025.)
Joly Victor/ABACA
La députée écologiste et présidente de la commission d’enquête sur les violences dans le milieu de la culture était l’invitée de Quotidien ce mercredi 9 avril.
La 78e édition du Festival de Cannes ne commencera que le 13 mai prochain, et pourtant, les projecteurs sont déjà braqués sur la croisette. Des projecteurs politiques consécutifs à la mise en lumière des violences systémiques dans le milieu de la culture et en particulier les violences sexistes et sexuelles. Respectivement présidente et rapporteur de la commission d’enquête menée par l’Assemblée Nationale à ce sujet, Sandrine Rousseau et Erwan Balanant étaient les invités de l’émission Quotidien, ce mercredi 9 avril. Ensemble, ils ont présenté le «rapport effarant» de cette enquête et appelé au changement.
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«Une véritable machine à broyer»
Après 6 mois d’enquêtes, plus de 100 auditions menées et près de 400 personnes interrogées, la commission d’enquête sur les violences dans les secteurs du cinéma, de l’audiovisuel, du spectacle vivant, de la mode et de la publicité peut enfin rendre son rapport. Trois cent treize pages qui font le constat accablant d’«une véritable machine à broyer», a déclaré Erwan Balanant, député du MoDem.
En plus des «témoignages terribles» d’actrices victimes de violences, dont les auditions ont été rendues publiques, ou d’acteurs entendus à huis clos, comme Jean Dujardin ou encore Gilles Lellouche en avaient fait le choix, la commission a également recueilli les récits d’anonymes. Des metteurs en scène, des musiciennes comme Flore Benguigui, l’ex-chanteuse du groupe L’Impératrice, des membres de l’opéra ou de festivals de musique mais aussi d’anciens membres du gouvernement comme Rachida Dati et Roselyne Bachelot, anciennes ministres de la culture, ont été entendus.
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86 recommandations
Un «travail de fond» pour comprendre et identifier «ce qui permettait que ces violences soient aussi récurrentes et aussi dangereuses pour les personnes», a expliqué Sandrine Rousseau. Au terme de cette enquête, née de la requête adressée par l’actrice Judith Godrèche, la commission a émis 86 recommandations. L’une d’elles concerne, par exemple, le droit de regard des comédiens sur le montage final d’un film. Une recommandation née du témoignage de l’actrice Anna Mouglalis. Auditionnée le 16 décembre, elle avait raconté comment, après avoir refusé qu’un plan laissant voir son sexe ne soit gardé, il s’était non seulement retrouvé dans le film mais aussi dans la bande-annonce.
Changer les mentalités
Si ces recommandations n’ont aucune valeur contraignante, Sandrine Rousseau explique que la suite de la commission d’enquête tient désormais en trois étapes : «transformer les propositions en loi, mettre en place des politiques publiques et changer les mentalités». «Si les mentalités ne sont pas renversées, si le corps des femmes et des personnes précaires n’est pas davantage respecté, on pourra faire toutes les lois qu’on voudra, cela ne changera rien», a martelé la députée.
Puisqu’il y a urgence, Sandrine Rousseau n’a pas hésité à interpeller les responsables et les participants du Festival cannois. «Je lance un appel au Festival de Cannes pour qu’il s’en empare (du rapport de la commission d’enquête ndlr) et que ce Festival de Cannes soit celui de la révolution des mentalités», a-t-elle déclaré. Rappelons d’ailleurs que Thierry Frémaux, le directeur du Festival de Cannes, a lui aussi été entendu par la commission. Reste à voir si la députée trouvera quelqu’un au bout du fil. La réponse dans un mois.