Selon l’Organisation mondiale de la santé (OMS), une couverture vaccinale supérieure à 90 % est nécessaire pour éviter la résurgence de la diphtérie. © Freepik 
Si vous pensiez que la diphtérie appartenait au passé, comme la variole ou les pantalons à pattes d’eph’, détrompez-vous. Cette maladie bactérienne, provoquée par Corynebacterium diphtheriae, n’a jamais complètement disparu. Très contagieuse, elle s’attaque aux voies respiratoires dans sa forme la plus grave, parfois mortelle, ou à la peau, dans des formes plus bénignes mais aussi transmissibles.
Grâce à la vaccination systématique chez les enfants, elle était cependant devenue extrêmement rare dans nos contrées. Mais voilà que depuis 2022, une hausse de la diphtérie en Europe a été observée, notamment dans les pays d’Europe occidentale.
Selon une publication du New England Journal of Medicine en mai 2025, il s’agit de la plus grande épidémie sur le continent depuis 70 ans. En France, les données de Santé publique France confirment cette tendance : en 2022, 71 cas de diphtérie ont été recensés, contre une dizaine en moyenne les années précédentes.
À l’échelle européenne, le Centre européen de prévention et de contrôle des maladies (ECDC) a recensé 362 cas pour l’année 2022, un chiffre inédit depuis des décennies. Une enquête menée par des chercheurs de l’Institut Pasteur et de Santé publique France a permis de retracer l’origine et les trajectoires de cette flambée.
Comment la diphtérie s’est-elle propagée ? Une flambée liée à la migration… mais pas que
La plupart des cas signalés concernent des personnes migrantes, principalement originaires d’Asie et d’Afrique. Mais attention : comme le précise le New England Journal of Medicine, les contaminations ont souvent eu lieu pendant les voyages migratoires ou dans les pays d’accueil, et non dans les pays d’origine. Les mauvaises conditions sanitaires (hébergements précaires, promiscuité, manque d’accès aux soins et à la vaccination) ont facilité la propagation.
Des cas ont aussi été observés chez des Européens n’ayant pas reçu de rappel vaccinal. Car oui, la protection vaccinale contre la diphtérie s’estompe avec le temps, et sans rappel, on redevient vulnérable.
Depuis 2022, au total, 536 cas ont été confirmés en Europe, dont au moins trois décès, selon les scientifiques. Si des mesures rapides (comme le dépistage des cas contacts et la mise en quarantaine) ont permis de freiner la propagation, des contaminations sporadiques se poursuivent, notamment parmi les migrants et les personnes sans domicile fixe.
Comment se manifeste la diphtérie ?
La diphtérie peut prendre deux formes principales :
- Respiratoire : la plus grave. Elle touche la gorge et peut provoquer une suffocation, des paralysies ou des atteintes cardiaques.
- Cutanée : plus bénigne, elle se manifeste par des lésions sur la peau, souvent infectées.
Sans traitement rapide, notamment avec une antitoxine diphtérique et des antibiotiques, la maladie peut être mortelle dans 5 à 10 % des cas, selon l’Organisation mondiale de la santé (OMS).
Retour de la diphtérie : doit-on s’inquiéter ? Vaccination : le meilleur rempart
La diphtérie est une maladie à prévention vaccinale. Le vaccin fait partie du fameux DTP (Diphtérie-Tétanos-Polio), obligatoire en France pour les enfants depuis 2018.
Mais voilà, si la couverture vaccinale chez les enfants dépasse les 95 %, celle des adultes, notamment pour les rappels tous les 20 ans, est souvent négligée. Et c’est là que le bât blesse. Les personnes n’ayant pas reçu de rappel peuvent devenir vulnérables, surtout si elles voyagent ou sont en contact avec des populations à risque.
Que fait-on maintenant ?
Les autorités sanitaires européennes et françaises ont renforcé la surveillance épidémiologique, avec un suivi particulier dans les centres d’accueil de migrants et dans les hôpitaux. Santé publique France insiste aussi sur l’importance de ne pas oublier les rappels vaccinaux à l’âge adulte.
Autre levier d’action : la sensibilisation des professionnels de santé. Les cas étant rares jusque-là, la diphtérie peut être méconnue, voire sous-diagnostiquée. Or, un diagnostic tardif peut avoir des conséquences dramatiques.
À SAVOIR
En plus de la transmission par gouttelettes, la diphtérie peut aussi se transmettre par contact avec des objets contaminés (jouets, vêtements, linge). La bactérie peut survivre plusieurs heures sur les surfaces, d’où l’importance de l’hygiène, notamment dans les lieux collectifs ou d’accueil.
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