La plage de Bordeaux-Lac, où la baignade est autorisée, a réouvert depuis dimanche. Mais des espaces alentour, où des traces de cadmium ont été détectées, ont été clôturés. Les riverains dénoncent un manque de «transparence» de la part de la mairie.
«En raison de la pollution des sols, ces zones sont interdites d’accès au public et aux animaux de compagnie. Cette clôture est installée afin de préserver la santé de tous.» Voilà ce qu’on peut lire sur des panneaux affichés près de la plage de Bordeaux-Lac. Ce lac artificiel a été construit dans les années 1960, dans le cadre d’un vaste projet d’aménagement urbain visant à transformer une zone marécageuse en un quartier moderne et fonctionnel.
En début d’année 2025, des travaux d’aménagement ont été effectués dans la zone, entre le boulevard Jacques Chaban-Delmas, l’avenue Marcel-Dassault et la «Plage du Lac». L’entreprise Apave, groupe français spécialisé dans les domaines de la maîtrise des risques, a découvert que des espaces verts étaient pollués à certains métaux lourds, notamment au cadmium.
«Manque de transparence»
Des informations qui ont immédiatement alerté et surtout inquiété les habitants du quartier. «Début mars, on a été mis devant le fait accompli. On s’est dit : d’accord, il y a une pollution mise en évidence lors des travaux. Mais, à quoi est-ce dû ? On souhaitait plus d’informations à ce sujet. On parle tout de même de notre santé. Une réunion a eu lieu, fin avril, avec le maire, Pierre Hurmic. On a demandé des explications. On veut savoir quand ont été faits les prélèvements, quelles quantités ont été retrouvées… On n’a pas eu de réponses. Un vrai manque de transparence, black-out total !», s’insurge Isabelle Bertin, présidente de l’association des Habitants de l’écoquartier Ginko, situé à l’est du plan d’eau.
Lundi 2 juin a eu lieu une réunion avec les habitants du quartier pour faire un point sur la situation, en présence de Didier Jeanjean, adjoint au maire chargé de la nature en ville et des quartiers apaisés. «Il nous a dit que la plage était saine, que l’eau du lac était saine, sans nous délivrer aucune donnée ! On ne remet surtout pas en cause la fermeture de ces espaces. Mais encore nous faudrait-il des éléments en toute transparence… Le lac est une zone creusée et artificielle. On est en droit de se poser des questions», explique la riveraine.
Pollution du sol
Contacté par Le Figaro, Didier Jeanjean assure que la pollution constatée «n’est pas une pollution d’atmosphère mais du sol» et qu’il «pourrait seulement y avoir un risque en cas d’ingestion et d’inhalation». «Nous sommes donc dans l’obligation de fermer l’accès au public, même si on sait que personne ne mangerait ou ne travaillerait la terre. Notre choix politique a donc été de dépolluer les accès aux pelouses les plus utiles et les plus utilisés autour du lac. Pour les autres, on a tout de suite clôturé les espaces pollués et des petits panneaux ont été installés pour prévenir les citoyens et éviter le danger», ajoute l’élu.
Une affaire dont s’est emparé Thomas Cazenave, président du groupe Renouveau Bordeaux et opposant à la mairie. «Au regard des risques majeurs que cette situation ferait peser sur la santé des riverains et des usagers du lac et de ses berges, il apparaît, dans un souci de transparence Monsieur le Maire, indispensable de partager et publier l’ensemble des informations à votre disposition : origine de cette pollution et rapport des prélèvements réalisés», a-t-il écrit, dans une lettre envoyée à Pierre Hurmic, le 28 mai dernier.
Didier Jeanjean, confirme ce jeudi au Figaro que le détail des analyses sera communiqué aux habitants prochainement.