Une flopée de photographes se précipite dans la salle. « Stop, stop stop », leur intime Michèle Marchand, dite Mimi, aussi connue comme étant le reine des paparazzis. Stéphane Plaza passe devant eux et se dirige vers la table installée au fond de cette pièce, située au premier étage de la maison de la Chimie, dans le 5e arrondissement de Paris. L’ex-animateur de M6 prend place entre ses avocats, Mes Julien Roelens et Antonin Gravelin-Rodriguez. Les cheveux grisonnants, les traits tirés, le visage émacié, l’ancienne vedette du petit écran a perdu de sa superbe depuis sa condamnation le 18 février dernier à un an de prison avec sursis pour violences récurrentes sur une ancienne compagne.

« L’objet de cette rencontre n’est pas people, il ne s’agira pas de discuter de la perte de poids de Stéphane Plaza ou de ses cheveux devenus poivre et sel. On va parler de justice et uniquement de justice », lance Me Julien Roelens à la vingtaine de journalistes ayant pris place face à eux. Son client se sert un verre d’eau avant de prendre la parole. « Il est temps pour moi d’affirmer publiquement une bonne fois pour toutes mon innocence, déclare Stéphane Plaza. Je n’ai jamais commis de violences volontaires sur quiconque et encore moins sur des compagnes, jamais. Un procès en appel se tiendra et j’aurais l’occasion de le démontrer à nouveau dans d’autres circonstances que celles qui ont mené au jugement de février dernier. Je suis innocent et je me battrai jusqu’au bout pour que la vérité soit reconnue. »

« Des moments très difficiles »

L’ancien animateur préféré des Français, à la tête d’un réseau d’agences immobilières, assure que le parquet de Paris « a intentionnellement manœuvré pour tromper le tribunal ». « C’est un scandale judiciaire qui se fait au détriment de la lutte contre les violences faites aux femmes, ajoute-t-il. Le parquet de Paris a voulu s’offrir un coup de communication en détruisant au passage ma vie et ma carrière. » Car, dit-il, « depuis plus de deux ans », Stéphane Plaza vit « des moments très difficiles ». « J’ai l’impression d’avoir été enterré vivant pour des faits que je n’ai pas commis », insiste-t-il. Avant de souligner : « Aujourd’hui, la télé, le cinéma et le théâtre, ces rêves que j’ai portés si fort, semblent s’éloigner à jamais. Ma vie et ma carrière ont été réduites en miettes. » « Je continue d’être ce que je suis vraiment, un passionné d’immobilier, un homme qui a des défauts mais qui n’a jamais été violent », conclut-il.

Retour en arrière. En juin 2023, Stéphane Plaza, qui se dit victime de cyberharcèlement, dépose plainte auprès du pôle national de lutte contre la haine en ligne. A l’époque, lui et son entourage recevaient « des centaines de messages malveillants qui faisaient uniquement référence à ses infidélités. Mais il n’a jamais été question de la moindre violence dans ces messages », explique Me Julien Roelens. Cette plainte, qui vise des anciennes compagnes, est classée sans suite, juste avant son procès, par le parquet de Paris au motif que « l’enquête n’a pas permis d’identifier la (les) personne(s) ayant commis l’infraction ». « C’est faux, puisque la principale auteure du cyberharcèlement est identifiée en procédure par des réquisitions Instagram, qu’elle le reconnaît sur le procès-verbal et que le procès-verbal de synthèse rédigé par l’officier de police judiciaire reprend in extenso qu’elle a été identifiée », indique Me Gravelin-Rodriguez, ajoutant que le parquet de Paris a voulu « tromper le tribunal ».

« Classement sans suite mensonger »

Il s’agit, poursuit l’avocat, « de l’une des plaignantes » qui accusait Stéphane Plaza de violences. La deuxième plaignante a également été « identifiée comme étant derrière un pseudonyme sur Instagram ». « On ne sait pas si elle a effectivement envoyé des messages mais on peut le penser », estime Me Gravelin-Rodriguez. Dans leur procès-verbal, les policiers relèvent pourtant que cette femme avait indiqué « ne jamais avoir contacté personne avec ce faux profil, ni avec sa vraie identité, ce qui était confirmé par l’enquête ».

« En notifiant ce classement sans suite mensonger, le parquet a remis une attestation selon laquelle il n’y avait aucun lien entre les accusatrices de Stéphane Plaza et les harcèlements », complète son confrère, Me Julien Roelens. « Cette attestation a été utilisée dans le cadre du procès et le tribunal l’a retenue dans son jugement », regrette-t-il. L’avocat estime que « tout un pan » du dossier, « qui était de nature à discréditer les accusations » dont l’animateur faisait l’objet, a ainsi été écarté lors du procès. « Le parquet de Paris a produit un faux en écriture publique », martèle Me Roelens. Affirmant que le dossier de leur client a été « truqué », lui et Me Gravelin-Rodriguez annoncent assigner l’Etat « pour les dysfonctionnements graves de la justice que nous avons constatés ».

« L’expression d’une démonstration de force »

Contacté par 20 Minutes, le parquet de Paris n’a pas donné suite. « Plus c’est gros, plus on ose », réagit auprès de 20 Minutes Me Clotilde Lepetit, l’avocate d’une deux femmes qui accusent l’ancien animateur de violences. « Ce qui me fascine, c’est cette capacité à s’en prendre aux juges et au système judiciaire dès lors qu’on est condamné et qu’on a une forme de publicité, poursuit-elle. Cela ajoute de la douleur et de la difficulté aux victimes, cela ajoute à leur épreuve de faire ça. » Me Lepetit voit dans cette conférence de presse « l’expression d’une démonstration de force ». « Faire ça depuis la maison de la Chimie, c’est une manière d’institutionnaliser une parole qui n’est que celle de Stéphane Plaza. »