Publié le
6 juin 2025 à 7h12
Dans la ville aux mille travaux, qui vit au rythme du creusement de la ligne C du métro, trône un autre chantier emblématique du cœur de Toulouse : celui de l’ex-cinéma-UGC, appelé à accueillir la future FNAC en centre-ville. Un chantier très impressionnant qui va franchir de nouveaux tournants ces prochaines semaines. Ce qu’il faut savoir.
« La démolition plus compliquée que la construction »
Derrière les colonnes du majestueux édifice à la façade art déco 1830 du théâtre des Variétés conçue par l’architecte en chef de Toulouse Urbain Vitry — et qui domine la principale sortie du métro Jean-Jaurès —, les voyageurs ne s’imaginent pas forcément qu’en ce printemps 2025, c’est encore un trou béant qui crève l’écran en lieu et place de l’ex-cinéma.
Près de trois ans après le début des travaux, marqués par la longue démolition de cinq immeubles vétustes entre l’esplanade François Mitterrand et la rue d’Austerlitz, la reconstruction de la future FNAC du centre-ville a débuté en 2024, mais elle connaît une nouvelle étape depuis quelques semaines à deux pas de la place Wilson.
« La démolition plus compliquée que la construction »
« La démolition des immeubles, notamment côté rue d’Austerlitz (trois d’entre eux étaient en arrêté de péril depuis des années, NDLR) a été plus compliquée que la construction », souligne Julien Berjaud, ingénieur développement chez GreenCity Immobilier, promoteur chargé de l’assistance maîtrise d’ouvrage pour le compte de la foncière Caso Patrimoine, propriétaire du site.
C’était des immeubles vétustes, à l’intérieur desquels il y avait de l’amiante. Cela a été un gros périple de les détruire sans que rien ne s’effondre.
Julien Berjaud
Ingénieur développement chez GreenCity Immobilier
Après une longue campagne de (longues) fouilles archéologiques, le chantier de reconstruction a donc débuté à l’été 2024. Avec une nouvelle grosse difficulté pour les équipes chargées du projet : le soutènement des bâtisses adjacentes. Les ouvriers se sont attelés à construire et installer des fondations spéciales, afin de « soutenir les terres et les bâtiments voisins, avant de creuser le sous-sol ».
Un trou béant agrémenté d’énormes piliers en béton a pris (temporairement), la place de l’ancien cinéma UGC de Toulouse. (©Greencity Immobilier)Armatures métalliques et piliers en béton de 8 mètres
Comme en témoigne l’image ci-dessus, « sur l’arrière du bâtiment, côté Austerlitz, nous avons un espace au sol d’environ 66 mètres sur 26, où nous avons dû installer des fondations déportées », résume Julien Berjaud. Outre de longues armatures métalliques, son équipe a dû construire d’énormes piliers en béton de 8 mètres de haut, qui ne sont que provisoires : « Afin de pouvoir terrasser le sous-sol, nous les avons forés pour soutenir les contreventements des murs des voisins, qui s’appuyaient à l’époque sur les murs du cinéma… ».
On va construire autour de ces piliers. Mais une fois que les dalles seront coulées, à partir du R+1, les armatures métalliques qui soutiennent la façade seront enlevées, les piliers démolis, et le plancher bouché par du béton.
Julien Berjaud
Les successions d’effondrement n’ont rien changé
De telles précautions n’ont rien de surprenant alors que les risques d’effondrement d’immeubles défraient la chronique depuis plus d’un an à Toulouse, mais cela n’a rien à voir avec l’actualité récente, soutient Julien Berjaud.
Tout ce qu’on voit là a été prévu de longue date, il y a plusieurs années. Sur les murs avoisinants, nous avons aussi déployé une panoplie de capteurs, qui mesurent les variations géométriques. D’autres captent les vibrations, les chocs dans les murs, la fréquence propre en cas de fissure…
Julien Berjaud
Un tunnel du métro passe en dessous
Autre casse-tête à intégrer pour ce chantier : le métro, dont un tunnel de service de la station Jean-Jaurès – qui permet en réalité « d’envoyer » des rames d’une ligne à l’autre – passe sous le futur immeuble. Et cela a nécessité un travail étroit avec les équipes de Tisséo : « Concrètement, les passagers du métro ne passent pas dessous, mais les contraintes restent les mêmes ».
Quelles sont les prochaines étapes du chantier ?
Fin mai 2025, le plancher bas du sous-sol a été terminé. Et fin juin, c’est le plancher haut de ce même sous-sol qui devrait l’être à son tour. « L’étape la plus critique sera passée pour nous », souffle Julien Berjaud. Début juillet, l’avancée du chantier devrait être plus visible.
Le gros œuvre de l’opération (la construction des étages jusqu’à la charpente) sera terminé en novembre 2025. Nous allons finir par le toit : le clos couvert sera posé à la fin de l’année.
Julien Berjaud
Vers une ouverture de la FNAC en septembre 2026
En 2026, le promoteur s’attaquera aux « aménagements intérieurs » et devrait avoir terminé sa part du chantier dans un an, au mois de juin. Restera au nouveau locataire, la FNAC, de s’installer sur place. Le PDG de l’enseigne culturelle préférée des Français est d’ailleurs attendu dans quelques semaines sur place, pour la pose officielle de la première pierre. L’ouverture est, selon le calendrier prévisionnel, programmée pour septembre 2026.
Future FNAC, bureaux et resto (avec rooftop)
Baptisé Les Variétés — en hommage au Théâtre éponyme, qui fut la première vie de cet immeuble édifié il y a deux siècles, avant de devenir un cinéma — ce bâtiment aura donc la FNAC pour navire amiral. L’enseigne culturelle, qui occupe actuellement 3 500 m² dans l’immeuble des Américains, va traverser les allées Roosevelt et déménager dans des locaux d’une surface relativement identique (4 000 m², dont 3 000 dédiés à la vente), mais plus modernes et mieux agencés.
L’immeuble accueillera aussi des bureaux sur un niveau. Et sur les toits, le dernier étage sera dévolu à un restaurant : doté d’un rooftop et d’une terrasse végétalisée de 500 m², il disposera d’un sacré panorama…
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