«Je pouvais avoir Judas Priest, Megadeth et Scorpions en même temps en France. Le Hellfest les avait déjà eu récemment et ne voulait donc pas les programmer. Voilà comment est né le Heavy Week-end. » Matthieu Drouot, PDG de Gérard Drouot Productions explique ainsi la genèse du festival metal qui tient, du 6 au 8 juin, sa deuxième édition à l’Open Air de Nancy. « Ça ne devait pas forcément s’inscrire dans la durée, mais tant que ça marchera, on continuera… »

Ainsi, le nouveau festival est né d’un manque. « Il fallait bien trouver un moyen d’accueillir ces groupes, et ça aurait été dommage de juste le programmer à Paris, explique Matthieu Drouot. Là, on peut trouver un nouveau public, et faire joueur les groupes dans un beau lieu, avec un public large… » Depuis plusieurs années, le public amateur de musique metal grandit, il faut donc « inventer des événements pour le satisfaire. »

Un panel plus large

Avec une programmation sur trois jours sur une scène unique, le Heavy Week-End vient compléter une belle offre de festivals metal en France. Outre le Hellfest, on peut citer le Motocultor ou le Xtrem Fest. Ces festivals sont-ils appelés à se multiplier ? Le succès de la performance historique de Gojira lors de la cérémonie d’ouverture des Jeux olympiques, l’été dernier, pourrait le faire espérer… « Les programmateurs ne se sont pas bousculés pour me demander Gojira », tranche Matthieu Drouot, sceptique.

Surtout, le producteur constate que le metal reste une musique exclusive quand il s’agit d’organiser de grands événements. « Les fans de metal, quand ils viennent en festival, veulent en avoir pour leur argent et leur déplacement. C’est compliqué de leur proposer un autre genre musical. » D’autant que la scène metal est déjà très riche en styles différents et générations de groupes. En programmant Linkin Park, Muse et Korn en 2025, le Hellfest s’est ainsi attiré les foudres de certains fans historiques…

Le metal reste « spé »

De même, les festivals dits « grand public » ne programment presque plus de metal. Ainsi la Foire aux Vins de Colmar a arrêté sa soirée spéciale dédiée aux musiques extrêmes. « Je me souviens d’une édition des Vieilles Charrues où Motörhead était programmé entre les BB Brunes et Ben Harper, sourit Matthieu Drouot. Je ne sais pas si ce serait encore possible aujourd’hui… Pour beaucoup de programmateurs aujourd’hui, le metal, ça reste spé. » Par « spé », entendre « spécial » et don, pas très grand public.

Les membres de Mass Hysteria, légendes du metal français, qui jouent au Heavy Week-End de Nancy, le déplorent. « Nous, on se souvient de festivals où il fallait séduire un public qui n’était pas venu pour nous mais pour du rock et de la chanson. C’est un challenge mais ça s’est toujours bien passé. De toute façon, sur scène, ça se joue à l’énergie. Le public est sensible à ça. »

Une diversification générationnelle

Si le metal va peu au grand public, un public de plus en plus familial vient aux concerts metal. « En dix ans, l’âge moyen des visiteurs a vieilli de dix ans, note le producteur de spectacles. Mais la bonne nouvelle c’est qu’on constate que le public est de plus en plus familial. Le rock, aujourd’hui, c’est famille. Et dans les festivals metal, il n’y a pas que des bandes de potes, il y a aussi des parents avec leurs enfants, voir des grands-parents. La musique sert à la transmission, au mélange des générations. »

Les têtes d’affiche de festival 2025 en images

« On a une chance incroyable de pouvoir continuer à faire des concerts, s’enthousiasme Yann Heurtaux, de Mass Hysteria, qui vient de fêter ses 30 ans de carrière. Dans le metal, le public est super fidèle, ce qui permet à de vieux groupes de tourner longtemps. Et comme ça, les générations se mélangent. Nous, à l’Heavy Week-End, on va découvrir des groupes. A notre âge, c’est quand même génial… »