Un bébé né par césarienne.Les césariennes programmées sont plus fréquentes dans le secteur privé : en 2022, 9 % des accouchements y étaient planifiés par césarienne, contre 6,1 % dans les hôpitaux publics. © Freepik

Il fut un temps où la césarienne était une intervention rare, réservée aux situations d’urgence. Aujourd’hui, en France, elle concerne environ 20 % des naissances, selon les données de Santé publique France. Un chiffre bien au-dessus des 10 à 15 % recommandés par l’Organisation mondiale de la santé (OMS). 

Alors pourquoi ce recours fréquent à une chirurgie abdominale censée rester une option de dernier recours ?

Mais pourquoi avons-nous plus souvent recours aux césariennes ? Pourquoi accouche-t-on plus tard… et plus souvent par césarienne ?

D’abord, un élément simple à comprendre : les femmes accouchent plus tard. L’âge moyen à la première grossesse est aujourd’hui d’environ 31 ans en France selon l’INSEE.

Avec l’âge viennent parfois les complications : diabète gestationnel, hypertension, grossesse multiple… Autant de facteurs qui peuvent faire pencher la balance vers la césarienne, jugée plus sûre pour la mère et l’enfant dans certains cas.

Autre élément non négligeable : l’augmentation des naissances issues de la procréation médicalement assistée (PMA), souvent associée à des grossesses plus surveillées, parfois plus complexes, avec une tendance plus fréquente à la naissance gémellaire (jumeaux). Là encore, les équipes médicales peuvent préférer programmer une césarienne.

Quand la peur du procès entre dans la salle d’accouchement

Autre donnée souvent méconnue du grand public mais bien réelle dans les hôpitaux : la judiciarisation croissante de la médecine. Les médecins, et en particulier les obstétriciens, sont de plus en plus prudents pour éviter les éventuels contentieux. Une complication lors d’un accouchement par voie basse, et c’est parfois toute une équipe qui peut se retrouver mise en cause.

Dans les cas à la limite, certains praticiens préfèrent “jouer la sécurité” et programmer une césarienne. Une manière, parfois, de se protéger juridiquement autant que médicalement. C’est ce que pointait déjà un rapport de la Haute Autorité de Santé en 2018, évoquant le « climat d’insécurité juridique » autour des accouchements.

Une organisation hospitalière qui joue aussi un rôle

Il faut aussi regarder du côté des contraintes logistiques et financières. À l’hôpital, une césarienne planifiée, c’est une naissance dont on connaît l’heure, la durée, l’équipe nécessaire. Plus simple à organiser qu’un accouchement spontané à 3 heures du matin, un samedi de garde.

Dans certaines structures, notamment privées, la césarienne est aussi mieux valorisée financièrement qu’un accouchement par voie basse.

Même si cette réalité dérange, elle est parfois évoquée discrètement par les soignants eux-mêmes. La pression du temps, le manque de personnel, la volonté d’optimiser les plannings poussent à préférer les accouchements “prévus” aux accouchements imprévus.

Césarienne : choix personnel ou décision médicale ? Et les femmes dans tout ça ?

On entend souvent dire que les femmes « veulent » une césarienne pour éviter la douleur, le stress, les complications. En réalité, les demandes de césariennes de convenance (sans motif médical) restent très minoritaires en France. Selon l’Assurance Maladie, la décision d’en pratiquer une est essentiellement médicale.

Cela dit, certaines futures mères, surtout après un accouchement traumatique ou compliqué, peuvent exprimer ce souhait. La parole des patientes est de plus en plus écoutée, et des alternatives plus respectueuses sont développées, comme l’accouchement par voie basse après césarienne (VBAC), encouragé quand c’est possible.

Quels risques pour la mère et l’enfant ?

Même si elle est devenue courante, la césarienne reste une intervention chirurgicale lourde. Elle comporte des risques post-opératoires (infection, hémorragie, complications liées à l’anesthésie), mais aussi des conséquences sur les grossesses futures : placenta prævia, rupture utérine, etc.

Côté bébé, certaines études soulignent un impact potentiel sur le développement du microbiote intestinal, ce qui pourrait influencer le système immunitaire. Il a aussi été évoqué un lien avec un risque plus important d’allergies ou d’asthme, bien que les recherches restent à affiner.

Vers un retour au bon sens obstétrical ?

Pour limiter le nombre de césariennes, plusieurs pistes sont testées en France. Une étude appelée “French ARRIVE” s’intéresse à une idée simple : déclencher l’accouchement un peu plus tôt, vers 39 semaines, pour éviter que la situation ne devienne compliquée. Les premiers résultats montrent une baisse de césarienne, sans plus de risques pour la mère ou le bébé.

Autre solution qui séduit de plus en plus : les maisons de naissance. Des lieux plus chaleureux, gérés par des sages-femmes, où les futures mamans peuvent accoucher naturellement si leur grossesse se passe bien. Il n’en existe qu’une dizaine en France, mais elles attirent de plus en plus de familles à la recherche d’un accouchement plus doux et moins médicalisé.

À SAVOIR

Le taux de césariennes en France est en légère hausse. Après s’être stabilisé autour de 20 % entre 2007 et 2020, il a atteint 21,2 % en 2022 selon la Drees.

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