En misant sur des hausses massives des droits de douane, Donald Trump espère ramener les usines et les emplois sur le sol américain. Cette stratégie de relocalisation séduit certains entrepreneurs comme Sanjeev Bahl, patron de l’entreprise Saitex, qui gère une usine de jeans à Los Angeles, où n’est pourtant produit que 10 à 20 % de sa production totale. Le reste continue de venir du Vietnam, où son usine principale fabrique 500 000 jeans par mois. « L’Amérique peut fabriquer à nouveau », affirme-t-il au New York Times, mais cela reste visiblement très difficile lorsque la chaîne d’approvisionnement complète n’est pas présente sur le territoire.
Le problème est que les États-Unis n’ont plus l’écosystème nécessaire : pas assez de travailleurs, pas de fournisseurs de boutons ou de fermetures éclair à grande échelle et peu de formation industrielle. « Il y a un écart entre la vision idéalisée du ‘Made in USA’ et la réalité du marché », explique Steve Lamar, directeur de l’American Apparel and Footwear Association, interrogé par le journal.
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En outre, les ouvriers coûtent bien plus cher aux États-Unis. Un opérateur gagne environ 4 000 dollars par mois à Los Angeles, contre 500 au Vietnam. Résultat, beaucoup d’entreprises hésitent à relocaliser.
Un équilibre fragile entre production locale et importations
Les politiques commerciales de l’administration Trump, notamment les droits de douane ciblant les pays asiatiques producteurs de vêtements, comme le Vietnam, compliquent encore la donne. Ces taxes, jugées illégales par un tribunal américain mais toujours en suspens, fragilisent les modèles économiques hybrides. Saitex, par exemple, expédie du coton américain au Vietnam pour y être transformé en tissu, avant de le réimporter aux États-Unis pour la confection finale. Impossible de faire tourner l’usine de Los Angeles sans ces échanges internationaux. La société se retrouve coincée.
Malgré la volonté politique affichée, relocaliser la production reste une opération coûteuse et incertaine. Le patron de Saitex a investi 150 millions de dollars au Vietnam dans une usine performante et écologique. En comparaison, seuls 25 millions ont été consacrés à l’usine américaine, dont la rentabilité est estimée à sept ans.
Si les taxes sur le Vietnam sont maintenues, Sanjeev Bahl envisage de rediriger sa production vers l’Europe, qui représente déjà une part importante de ses ventes. « Mais alors, que va-t-il advenir de notre usine ici, à Los Angeles ? », demande-t-il. Le retour massif des usines dans le pays de l’Oncle Sam semble encore hors de portée.