À Arromanches-les-Bains, sur les côtes du Débarquement, les ministres déléguées Nathalie Delattre et Patricia Mirallès ont signé une convention-cadre pour structurer le tourisme mémoriel. Une démarche pour mieux faire connaître ces sites qui incarnent l’histoire du XXe siècle, du souvenir à la transmission.

La date ne pouvait être plus symbolique. C’est dans le décor solennel d’Arromanches-les-Bains, à quelques mètres des vestiges du port artificiel installé en juin 1944, que Nathalie Delattre, ministre déléguée chargée du Tourisme, et Patricia Miralles, ministre déléguée chargée de la Mémoire et des Anciens combattants, ont signé ce jeudi 6 juin, sur la côte normande balayée par les vents, une nouvelle convention interministérielle pour le développement du tourisme de mémoire.

Cette feuille de route, valable pour cinq ans, vise à mieux valoriser un patrimoine commémoratif unique en Europe, à travers des actions concertées sur le terrain, un meilleur fléchage des moyens, et un discours renforcé sur l’identité civique de ces lieux.

Une offre foisonnante, encore mal identifiée

Entre 1870 et 1945, la France a été le théâtre de trois conflits majeurs, laissant derrière eux une densité exceptionnelle de lieux de mémoire : 2170 carrés militaires, 290 nécropoles, 18 musées de défense, une dizaine de hauts lieux de mémoire nationale (dont Oradour-sur-Glane, Douaumont, la clairière de Rethondes), et plus d’un millier de lieux de sépulture répartis dans 80 pays.

Longtemps portés par les collectivités ou les associations, ces lieux font l’objet depuis une quinzaine d’années d’une politique publique plus affirmée. Reste à les inscrire durablement dans le paysage touristique national. « Il ne s’agit pas seulement de commémorer, mais de transmettre », a insisté Patricia Miralles, qui veut faire du tourisme de mémoire « un levier à la fois pédagogique et territorial ».

Une fréquentation en nette progression, portée par l’international

En 2023, 13 millions de visiteurs se sont rendus dans les sites mémoriels français, dont 25 % venus de l’étranger. La Normandie, première région en volume, a attiré 7,1 millions de visiteurs, dont 41 % d’internationaux, avec une hausse globale de +8,8 % de la fréquentation par rapport à 2022.

Ce regain s’explique par les préparatifs du 80 anniversaire du Débarquement, mais reflète aussi une évolution des pratiques touristiques : plus lentes, plus documentées, moins centrées sur le seul loisir.

Une politique concrète pour moderniser et fédérer

La convention signée le 6 juin prévoit la création d’un comité interministériel de pilotage, un soutien renforcé à la médiation culturelle, une signalétique harmonisée et un soutien accru aux projets de rénovation.

Les deux ministres déléguées ont ainsi salué la récente rénovation du musée du Débarquement d’Arromanches, soutenue à hauteur de 950.000 € par le ministère des Armées, comme un modèle à suivre. Ce projet incarne la volonté de moderniser l’accueil tout en respectant le récit historique, avec des outils immersifs et des parcours accessibles à tous les publics. La mise en oeuvre de cette convention sera assurée par la Direction générale des entreprises (DGE) et par la Direction de la mémoire, de la culture et des archives (DMCA).

Un tourisme sensible, loin des clichés

«Le tourisme mémoriel est un levier puissant pour transmettre notre histoire, faire vivre les territoires et renforcer le lien entre mémoire et citoyenneté», a rappelé Nathalie Delattre. «En renouvelant ce partenariat, nous affirmons notre volonté commune de valoriser ces lieux emblématiques, de les rendre plus accessibles et plus visibles, en France comme à l’international.»

Les signataires veulent ainsi encourager des projets hors des «grandes dates», pour soutenir une fréquentation continue et préserver les lieux d’une scénarisation excessive. Une démarche à la fois sobre, structurée et résolument tournée vers l’avenir.