La section de recherches de la gendarmerie de Lille a procédé, jeudi 5 juin, à l’interpellation d’un individu suspecté d’avoir administré un site internet illégal, connu sous le nom de « childablet.net », facilitant des dons de gamètes en dehors de tout cadre médical et légal. Cette opération, conduite sous la direction du parquet de Valenciennes, fait suite à une enquête menée par l’antenne C3N (Centre de lutte contre les criminalités numériques), qui a détecté en avril dernier l’existence de cette plateforme.
Le site, aujourd’hui fermé, permettait à des donneurs de sperme et des receveuses de se mettre en contact directement, en contournant les protocoles stricts de l’assistance médicale à la procréation (AMP) prévue par la législation française. Plus de 7.000 membres auraient déjà utilisé cette plateforme.
Selon le communiqué officiel de la gendarmerie, l’administrateur du site interpellé aurait lui-même effectué des dons de sperme illégaux. Il aurait perçu des rémunérations sous forme de cryptomonnaie et proposé un système d’abonnement payant. Il demandait également de l’argent en échange de ses propres dons de sperme, ce qui constitue une infraction pénale en France.
Une pratique très risquée
Ces pratiques non encadrées peuvent s’avérer très dangereuses pour les receveuses, mais également pour les enfants nés de ces dons illégaux. « En France, depuis la loi de bioéthique de 2021, les personnes qui souhaitent bénéficier d’un don de gamètes, d’un don de sperme en l’occurrence, doivent s’inscrire dans le cadre SECOS, c’est-à-dire les centres d’études et de conservation des œufs et du sperme humain, qui sont des centres qui permettent de garantir et de se prémunir de tous les risques qui sont liés à cette pratique, les risques sanitaires, les risques de consanguinité », explique à RTL le lieutenant-Colonel Vincent Audon, commandant en second de la Section de Recherche de Lille, en charge de l’enquête.
Des délais qui attirent les receveuses
Ces sites de dons sauvages permettent aux receveuses de contourner les délais parfois très longs dans le système médical. « Mais derrière, il y a également tous les risques, notamment l’absence totale de vérification, quant à l’état de santé du donneur et de la receveuse, quant à l’existence ou non de maladies génétiques qui pourront nuire aux futurs enfants conçus avec ce don artisanal. Et puis, il n’y a aucune traçabilité. Donc, on ne sait pas combien le donneur a réalisé de dons, avec évidemment des risques de consanguinité », explique le lieutenant-colonel qui souligne aussi le risque de dérives à caractère sexuel.
Le don de sperme légal se fait dans l’anonymat total. En revanche, celui proposé par ces sites Internet, par ces groupes, met en relation directe le donneur et la receveuse. Il est bien évidemment possible que certains donneurs profitent de la vulnérabilité, de l’attente des receveuses pour chercher à imposer leur méthode d’insémination ou pour obtenir des compensations, des dédommagements, des faveurs », poursuit-il.
La rédaction vous recommande
Lire la suite