Si les droits de douane annoncés par le président américain Donald Trump étaient pleinement appliqués dès juillet, sans exemptions sectorielles, avec des mesures de rétorsion équivalentes de la part de l’UE, le produit intérieur brut (PIB) allemand reculerait de 0,5 % cette année et de 0,2 % en 2026, selon les prévisions publiées par la banque centrale allemande (Bundesbank). La croissance serait alors de retour en 2027, avec un rebond de 1 %.
Ce choc tarifaire mondial viendrait donc accroître la pression sur une économie allemande déjà affaiblie après deux années de récession, en 2023 et 2024, liées à une faible demande intérieure et à une perte de compétitivité du secteur industriel fortement exportateur, notamment l’automobile et la chimie.
Des pertes de croissance liées à l’incertitude économique
En cas de guerre commerciale tous azimuts, « les pertes de croissance du PIB réel s’accumuleraient d’ici 2027 pour un peu plus de 1,5 point de pourcentage par rapport au scénario de référence », explique l’institut monétaire. L’annonce en avril 2025 par le président américain de fortes hausses tarifaires a surpris les marchés, dépassant largement les attentes, rappelle la « Buba ». En cas d’échec des négociations commerciales en cours, Donald Trump appliquerait une hausse de 20 points des droits de douane sur la majorité des importations européennes, tandis que les produits chinois subiraient des surtaxes pouvant dépasser 100 %. Ces annonces, même avant leur mise en œuvre, ont un moment ébranlé les marchés financiers et provoqué un net affaiblissement du dollar. L’incertitude économique et financière resterait élevée sur toute la période étudiée, selon le scénario à risque.
L’Allemagne paierait un lourd tribut via le déclin des exportations, en raison de la chute de la demande mondiale, et le recul de l’investissement dans un climat persistant d’incertitude, selon cette variante la plus pessimiste.
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La Bundesbank a également publié un scénario de référence moins dramatique, dans lequel la politique commerciale américaine pèse aussi sur la croissance allemande, mais plus modérément, tandis que les dépenses budgétaires massives, décidées par le nouveau gouvernement du chancelier Friedrich Merz, vont soutenir en particulier les domaines des infrastructures et de la défense. Le PIB allemand devrait dans ce cas stagner cette année, avant de rebondir de 0,7 % en 2026 puis 1,2 % en 2027.
Ces prévisions marquent une révision à la baisse pour 2025 et 2026 par rapport à celles de décembre, tandis que celle pour 2027 est légèrement relevée.