L’université Harvard se reflète dans la vitrine d’un magasin de souvenirs situé en face du campus, le 17 avril 2025, à Cambridge, dans le Massachusetts, aux Etats-Unis.

SOPHIE PARK / Getty Images via AFP

L’université Harvard se reflète dans la vitrine d’un magasin de souvenirs situé en face du campus, le 17 avril 2025, à Cambridge, dans le Massachusetts, aux Etats-Unis.

ÉTATS-UNIS – Un vrai revers pour Donald Trump. La justice américaine a suspendu ce jeudi 5 juin la mesure du président américain visant à interdire l’entrée aux États-Unis de nouveaux étudiants internationaux venus suivre les cours de l’université de Harvard, estimant que l’institution risquait « un préjudice immédiat et irréparable » avant même de pouvoir être entendue.

En pleine guerre contre des universités qu’il considère être des incubateurs du « wokisme », Donald Trump a annoncé ce mercredi soir qu’il était « nécessaire de restreindre l’entrée aux ressortissants étrangers qui cherchent à venir aux États-Unis pour participer, exclusivement ou en grande partie, à un programme d’études de l’université Harvard ».

Cette mesure devait s’appliquer immédiatement à l’encontre des « étrangers qui entrent ou tentent d’entrer aux États-Unis pour commencer à participer » à des programmes de l’université. Elle devait rester en vigueur pour six mois, sauf en cas de prolongement, selon le président américain.

Mais ce jeudi, Harvard a contesté devant les tribunaux cette mesure de l’administration Trump qui fait partie, selon elle, « d’une campagne concertée, allant crescendo, de représailles » contre cette université qui « refuse » de céder aux pressions du gouvernement.

Un préjudice « immédiat et irréparable »

Considérant que l’université de renom risquait de subir « un préjudice immédiat et irréparable avant que toutes les parties aient eu la possibilité d’être entendues », la juge Allison D. Burroughs a suspendu ce jeudi la mesure de Donald Trump, d’après un document judiciaire consulté par l’AFP.

Fin mai, le gouvernement avait déjà tenté d’interdire à Harvard d’accueillir des étudiants étrangers, en retirant à cette université sa certification SEVIS (Student and Exchange Visitor), le principal système par lequel les étudiants étrangers sont autorisés à étudier aux États-Unis. Cette annonce avait provoqué beaucoup de stress pour les étudiants, avant qu’un tribunal fédéral du Massachusetts, État où est situé Harvard, ne leur accorde un sursis en bloquant temporairement cette mesure.

Mais Donald Trump est donc bien revenu à la charge ce mercredi soir. Selon la mesure qu’il a annoncée, ceux qui sont actuellement inscrits à Harvard, l’université la plus ancienne des États-Unis et l’une des mieux classées au monde, devaient faire l’objet d’un examen et s’exposaient à la révocation de leurs visas.

« Des pions dans la prise de pouvoir d’un dictateur »

Harvard est sur la ligne de front de la guerre que mène Donald Trump contre l’enseignement supérieur, l’université ayant entre autres refusé de se soumettre à un contrôle de ses programmes académiques, de son personnel ou de ses étudiants pour maintenir des subventions fédérales. Washington a déjà amputé d’environ 3 milliards de dollars les subventions de l’université, qui a qualifié mercredi de « représailles » les nouvelles mesures du gouvernement à son égard.

« Je savais que l’été s’annonçait long », résumait à l’AFP un étudiant indien de Harvard refusant la publication de son nom par crainte de mesures de rétorsion du gouvernement à son encontre. « Qu’en est-il des étudiants rentrés chez eux pour l’été ? Ils risquent de ne pas pouvoir revenir », déclarait un autre étudiant international, avant la suspension décidée par la justice, alors qu’il cherchait à renouveler son visa.

Olivia Data, étudiante en 4e année en sciences politiques à Harvard, comptant plusieurs amis étudiants étrangers, décrivait une nouvelle « déchirante et effrayante ». « Nos amis et camarades de classe sont utilisés comme des pions dans la prise de pouvoir d’un dictateur », alertait-elle. « Aucun d’entre nous ne sait où cela mènera, ni si notre université pourra protéger ses étudiants dans le système politique actuel ».