Pour la construction de la ligne C du métro, plus gros chantier de la région, l’opérateur de système de transport public Tisséo a décidé d’offrir une seconde vie aux matériaux extraits.

Les déchets des uns font le bonheur des autres. L’opérateur de système de transport public toulousain Tisséo le prouve en recyclant la terre du chantier de la ligne C du métro. Une partie sert à fabriquer des briques pour construire des dizaines de milliers de maisons à quelques kilomètres, dans l’agglomération de la ville rose. La nouvelle ligne, troisième du réseau, devrait accueillir 200.000 voyageurs par jour à compter de son ouverture fin 2028, et à quelques encablures, des milliers de personnes profiteront de leurs habitations, réalisées à partir de l’argile excavée pendant les travaux. Cette dernière se situe entre les graviers de la nappe de la Garonne et la terre brassée et humidifiée par le passage du tunnelier.

« Au total, nous prévoyons d’extraire près de 6,5 millions de tonnes, donc dès les prémices en 2018, nous avons réfléchi à comment donner une seconde vie à ces matériaux », retrace Gilles Habasque, directeur environnement de Tisseo Ingénierie. Aussi ont-ils lancé en 2021 un appel à projets, sans enjeux financiers mais avec l’objectif de stimuler l’imagination des industriels en matière de circularité. Treize candidats ont présenté leurs idées. Tisseo a effectué la présélection, laissant aux entreprises du bâtiment mobilisées sur le chantier, le soin de désigner les vainqueurs parmi les douze restantes.

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Au terme de diverses discussions techniques, deux briqueteries historiques de Toulouse, situées à Colomiers, à trois kilomètres de la future station, l’ont emporté. Terreal Wienerberger a hérité de 15 000 tonnes, et mélange 90% de ses propres ressources avec 10% des terres du métro, totalisant 125.000 tonnes de matières premières utilisées pour concevoir les briques de 10 000 maisons. Bouyer Leroux en a récupéré 40 000 tonnes de son côté.

« Il s’agit d’un procédé dont tout le monde sort gagnant, nous valorisons les terres et eux disposent de matières. Cela représente le plus gros chantier de la région donc nous espérions bien montrer l’exemple et encourager des initiatives similaires », commente Gilles Habasque. D’autant que les usines concernées perçoivent une rémunération pour la prise en charge de ces déchets.

Au total, Tisseo a fixé un objectif de 80% de valorisation pour ce chantier et 20% sont destinés à un traitement dans les filières. Un modèle qui à terme, pourrait s’avérer reproductible, sous deux conditions : la proximité avec une usine susceptible de réutiliser la terre, donc des briqueteries, ainsi que la correspondance entre les matériaux extraits et les critères définis par un cahier des charges.