Ce vendredi 6 juin, à l’arrière de la Corniche Kennedy à Marseille, on assiste toujours au même défilé devant l’œuvre du célèbre street-artiste Banksy. Son pochoir, un phare dessiné dans l’ombre portée d’un simple potelet, accompagné d’une phrase mystérieuse « I want to be what you saw in me » (« Je veux être ce que tu as vu en moi »), attire toujours autant de curieux et d’admirateurs.
Mais il attire aussi des volontés créatrices plus destructrices. Il y a une semaine, déjà, un tag obscène avait été dessiné autour de l’œuvre, représentant deux testicules grossièrement peints. Elle avait été rapidement restaurée puis protégée par un vernis par deux bonnes âmes, le peintre marseillais Richard Campana aidé par une peintre en décor du patrimoine, Agnès Perrone.
Cinq personnes et un vigile
Mais voilà, dans la nuit du jeudi 5 au vendredi 6 juin, le pochoir de Banksy a été l’objet d’une nouvelle attaque, racontée par Richard Campana lui-même. « Nous venions à peine de terminer le travail de restauration et de protection, témoigne le Marseillais. Un vigile était présent sur place et cette nuit, cinq personnes sont venues tenter de dégrader l’œuvre. Elles se sont embrouillées avec le vigile qui les a fait partir mais trois jets de peinture blanche ont tout de même eu lieu autour du pochoir. »
Le syndic de l’immeuble a fait poser, dans la foulée de l’incident, un grand panneau de plexiglas afin de tenter de protéger le désormais célèbre Banksy.
Le nouveau jet de peinture est discret, assez peu visible, mais Richard Campana compte bien restaurer le pochoir dès que possible : « J’ai l’impression d’être devenu un peu le service après-vente du Banksy de Marseille », plaisante-t-il. Toujours selon plasticien, également illustrateur et affichiste, le syndic prévoit d’installer un verre de protection plus efficace prochainement.
Mais pourquoi tant de haine ? « Un Banksy à Marseille ça fait beaucoup parler alors venir le bomber ça fait aussi le buzz, c’est Banksy tout de même », analyse Richard Campana.
« C’est moche »
En attendant, sur place, les amateurs et curieux multiplient les selfies en commentant l’ajout très récent du plexiglas. « C’est dommage d’avoir ajouté ça, c’est moche », ose une touriste bretonne. « Si on ne fait pas ça, il disparaîtra », répond une habitante de cet immeuble de la rue Félix-Frégier. « Oui, enfin, c’est un peu le principe du stree-art, non ? Si on le met sous cloche, c’est aller un peu à l’encontre de ce que veut Banksy lui-même », rétorque un autre, venu photographier l’œuvre à scooter depuis la Pointe-Rouge.
Les œuvres de Banksy ont rapporté plusieurs dizaines de millions de dollars, faisant de lui l’un des artistes vivants les plus connus au monde, militant humaniste engagé et maître de l’art urbain pour les spécialistes.