DÉCRYPTAGE – Le nouveau film du réalisateur du Grand Bleu avec Caleb Landry Jones et Christoph Waltz, explore les origines du vampire mythique. Sortie en salles le 30 juillet.
Même si avec Dogman (2013) leur première rencontre n’a pas fait d’étincelles, ni au box-office ni auprès des critiques, Luc Besson et Caleb Landry Jones (découvert dans Nitram en 2021) poursuivent leur collaboration avec un deuxième film : Dracula. Avec 45,2 millions d’euros, c’est le plus gros budget pour un métrage français en 2025.
Adaptée du roman fondateur de Bram Stoker datant de 1897, cette relecture romantique, gothique et victorienne du mythe vampirique se situe désormais entre deux époques, le XVe et le XIXe siècle. L’intrigue du Dracula de Besson suit le destin amoureux tragique du prince Vladimir (Vlad Tepes, dit l’Empaleur), un souverain épris de sa femme qui demande à Dieu de la préserver. Malgré cela, une bataille épique lui enlève sa dulcinée (incarnée par Zoe Bleu, la fille de Rosanna Arquette) et c’est le drame. Fou de chagrin et de colère, Vlad maudit ce Dieu injuste, et décide de partir à la recherche de la femme qu’il aime coûte que coûte. Son errance européenne durera 400 ans avant que notre héros tombe sur le sosie troublant de sa bien-aimée, qui lui apparaît sous le nom de Mina Murray, dans le Paris de la Belle époque.
À la vision de ce premier trailer spectaculaire, mais ultra-référentiel, on ne peut que constater que Luc Besson a gardé de grands souvenirs du cinéma anglo-saxon des années 1980-1990. Dès les premiers instants, on distingue du haut d’un drone nocturne les images une route sinueuse au milieu d’une forêt d’où surgissent deux lueurs lilliputiennes : les lanternes d’une calèche. Le plan suivant, ce double halo est remplacé par le scintillement menaçant du regard d’un loup aux aguets.
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Dialogues « définitifs »
Alors qu’une voix de soprano venue d’outre-tombe rythme l’avancée de la calèche, l’équipage entre dans un château dont la silhouette gothique se découpe dans le ciel d’encre. Des rires fugaces, des murmures fantomatiques évanescents emplissent la bande-son. Un jeune homme s’extrait de la calèche et se pose devant l’ombre d’un sinistre châtelain filmé en contre-jour : « Racontez-moi votre histoire » demande le jeune impétrant, mort de peur.
Avec son chignon étrange, le héros avance son visage vers la lumière, prêt à toutes les confidences. On ne peut que noter l’hommage évident au Dracula de Coppola incarné par Gary Oldman sorti en 1993. L’autre référence manifeste qui plane au-dessus de cette bande-annonce nous ramène en 1981 au cœur du film Excalibur de John Boorman. Qu’il s’agisse de la bataille dans la neige avec son éclairage zénithal, ses combats homériques en armure argentée totalement clinquante, ou les cadrages de Caleb Landry Jones tenant le corps sans vie de son épouse ensanglantée, on sent alors que la geste arthurienne croise la route du plus célèbre des buveurs de sang.
Le reste de la bande-annonce laisse présager une sorte d’anti-Roméo et Juliette, baignée dans une atmosphère néogothique flamboyante, saupoudrée de dialogues définitifs. « – Elle est mon salut. – Mais vous êtes sa damnation ! » Sous la caméra de Luc Besson, la relation sulfureuse entre la jeune femme et le vieux vampire immortel s’annonce pour le moins toxique…