Cette maison sur pilotis est un rêve de nature

L’architecte Natalia Rey a commencé à concevoir cette maison de Barichara, en Colombie, à l’endroit où se trouve aujourd’hui la cuisine ouverte avec vue sur les montagnes. « J’ai imaginé que mon client, qui vit maintenant ici, apprécierait de boire son café en regardant le parc national naturel de la Serranía de los Yariguíes – et j’ai vu juste », confie-t-elle, sourire aux lèvres. Natalia Rey est colombienne et vient de Bogotá. Elle dirige sa propre agence d’architecture, et avec ses collaborateurs et collaboratrices, ainsi qu’une équipe de construction locale, elle s’occupe de toute sorte de projets à Barichara, une petite ville rurale nichée dans les montagnes andines du nord-est du pays.

La terrasse, qui entoure complètement la maison, offre une vue panoramique sur le parc national naturel de la Serranía de los Yariguíes.

Jan Kaiser

Ici, tout est entouré de forêts tropicales sèches. Une partie des terres était autrefois réservée à l’élevage, mais elle est aujourd’hui préservée avec un projet de reforestation qui inclut une petite production de café. « De plus, la zone est un peu escarpée », explique Natalia Rey. Et pourtant, c’est l’endroit où elle a conçu une maison de 100 mètres carrés pour son client, rencontré dans un espace de coworking. Ce « nomade », comme elle l’aime l’appeler, est un passionné d’escalade et de nature. À quelques mètres de la maison, qui comprend deux chambres, deux salles de bains, une cuisine et un bureau, coule un ruisseau qui, après quelques kilomètres, se transforme en cascade : la Paramera, une icône locale. L’eau joue ici un rôle de premier plan. Natalia Rey a décidé de placer cette maison, la Casa La Palmita, sur pilotis, afin de respecter les cours d’eau naturels et de laisser son espace à la nature. Un défi que l’architecte a relevé avec brio.

Une maison minimaliste avec vue sur les montagnes

Simple comme bonjour : la maison est enduite de manière traditionnelle, pour un effet naturel. La couleur des murs se marie à la perfection avec les sièges de couleur crème.

Jan Kaiser

Dans la cuisine, on surplombe la forêt, on entend toutes sortes d’oiseaux gazouiller et le bruit du ruisseau tout proche qui se jette plus tard dans la cascade La Paramera.

Jan Kaiser

Natalia Rey avait carte blanche. Au cours de l’entretien, son client a émis comme seul désir le souhait de faire de cette maison un refuge où se ressourcer après ses voyages. « Mon but était de créer un lieu qui le prenne dans ses bras », explique avec poésie l’architecte. Pour trouver son inspiration, elle a pris exemple sur un élément clé : l’eau, rare et donc précieuse en Colombie. « Cet emplacement m’a appris que l’eau obéit a ses propres règles. Les pluies sont torrentielles, mais l’endroit peut aussi traverser des épisodes de sécheresse. Les cycles sont ainsi changeants, mais très marqués. » Afin de ne pas perturber le cours de l’eau, la maison a été pensée pour ne pas empiéter sur l’environnement : elle est construite sur pilotis, ce qui équilibre cette demeure à flanc de montagne.

Minimaliste, mais chaleureux. Le rotin, associé à la couleur naturellement des murs qui évoque la terre et à la housse de couette aux broderies florales romantiques : il règne dans cette chambre une atmosphère réconfortante.

Jan Kaiser

Petite, mais raffinée ! Un petit miroir et un lavabo avec un espace de rangement : c’est tout ce dont le propriétaire a besoin.

Jan KaiserEnduit naturel, tressage, argile, et poutres en vieux bois

Natalia Rey et son équipe ont abordé la construction de cette maison en harmonie avec son emplacement, en pleine nature. « À Barichara, la tradition, c’est de construire avec la terre », précise l’architecte. « Quand je suis arrivée ici, il y a plus d’une douzaine d’années, j’ai appris à faire de l’enduit composé de terre, de sable, de calcaire et de fumier de cheval. Il est ensuite souvent recouvert de chaux blanche, mais ici, nous l’avons laissé brut : il mérite d’être vu, et c’est plus chaleureux. » Avant d’appliquer l’enduit, l’architecte a d’abord fait ériger une structure à colombages : tous les murs reposent sur cette construction en bois, entourée de roseaux. Cette technique a un nom : « bahareque », ce qui signifie tressage et argile.