Une femme enceinte inquiète de son diabète gestationnel.Selon Ameli, la prévalence du diabète gestationnel augmente depuis plusieurs années, du fait de la hausse des facteurs de risque chez la mère. © Senivpetro / Freepik

En France, le diabète touche environ 5 % des femmes enceintes, principalement sous forme de diabète gestationnel, une forme de diabète qui survient au cours de la grossesse. Si ce trouble est généralement bien pris en charge, ses répercussions sur le développement du fœtus font l’objet d’une attention croissante.

Des études récentes pointent un lien potentiel entre la présence de diabète chez la mère et une augmentation du risque de troubles du spectre de l’autisme (TSA) et du trouble déficitaire de l’attention avec ou sans hyperactivité (TDAH) chez l’enfant.

Ces pathologies neurodéveloppementales, dont la prévalence est en hausse constante, suscitent l’inquiétude tant chez les professionnels de santé que chez les futurs parents.

Diabète gestationnel et autisme : un lien établi par plusieurs études

Une étude parue en 2024 dans la revue JAMA Network Open, menée sur près de 900 000 naissances en Suède, a révélé que les enfants nés de mères souffrant de diabète gestationnel ou de type 2 avaient un risque accru de développer des troubles du spectre autistique. Les chercheurs ont constaté une augmentation de 22 % du risque d’autisme chez ces enfants comparativement à ceux nés de mères sans diabète.

Ce résultat est cohérent avec d’autres études menées précédemment, notamment aux États-Unis, qui avaient déjà montré un lien entre l’hyperglycémie maternelle et des altérations du développement cérébral fœtal. Une explication avancée repose sur le stress oxydatif et l’inflammation chronique associés au diabète, qui peuvent perturber le développement neuronal dès les premières semaines de gestation.

En France, la Haute Autorité de Santé (HAS) rappelle dans ses recommandations de 2022 l’importance du dépistage du diabète gestationnel entre la 24e et la 28e semaine de grossesse, soulignant l’impact potentiel sur la santé à long terme de l’enfant.

TDAH et diabète maternel : des liens également mis en évidence

Outre l’autisme, le TDAH — trouble de l’attention avec ou sans hyperactivité — semble également être plus fréquent chez les enfants nés de mères diabétiques. Une méta-analyse parue en 2023 dans le Journal of Affective Disorders, portant sur plus de 15 études internationales, a conclu que le risque de TDAH était augmenté de 30 à 40 % chez ces enfants.

Le mécanisme exact reste à préciser, mais des chercheurs avancent que les pics glycémiques, les déséquilibres hormonaux et la mauvaise oxygénation placentaire pourraient impacter la maturation du cortex préfrontal, zone clé dans la régulation de l’attention et des impulsions.

En Allemagne, une étude longitudinale menée sur plus de 3 000 enfants entre 2010 et 2020 a montré que les garçons étaient particulièrement vulnérables à ce risque accru, ce qui corrobore des observations françaises selon lesquelles les troubles du comportement liés à un déficit attentionnel sont plus souvent diagnostiqués chez les garçons.

Des facteurs de risque cumulés et une vigilance indispensable

Le diabète n’est pas le seul facteur de risque identifié. L’obésité maternelle, les carences nutritionnelles, le stress chronique ou encore l’exposition à certaines substances pendant la grossesse peuvent renforcer le terrain inflammatoire et fragiliser le développement cérébral du fœtus.

Cependant, le diabète représente un facteur modifiable, ce qui en fait une cible prioritaire pour la prévention. Une prise en charge rigoureuse, incluant un suivi glycémique étroit, une alimentation adaptée et une activité physique modérée, permet de réduire significativement les complications obstétricales et néonatales.

Les professionnels de santé soulignent aussi l’importance du suivi post-natal, tant pour la mère — qui présente un risque accru de diabète de type 2 après l’accouchement — que pour l’enfant, chez qui un dépistage précoce de troubles neurodéveloppementaux peut permettre une meilleure prise en charge.

Vers une meilleure prévention et une prise de conscience collective

La Direction générale de la santé (DGS) et Santé publique France insistent depuis plusieurs années sur la nécessité de sensibiliser les femmes en âge de procréer aux risques liés à une grossesse compliquée par le diabète. Des campagnes de prévention ciblées, notamment dans les maternités et les cabinets de médecine générale, sont régulièrement menées pour favoriser un diagnostic précoce et un accompagnement personnalisé.

À ce jour, aucune mesure systématique de dépistage des troubles du neurodéveloppement chez les enfants de mères diabétiques n’est recommandée. Toutefois, des initiatives locales émergent, comme dans certains CHU français qui proposent des évaluations précoces dans les trois premières années de vie.

Si les résultats des études doivent encore être affinés pour mieux comprendre l’impact des différents types de diabète (gestationnel, type 1, type 2), les données disponibles plaident pour une vigilance accrue et une meilleure information des futurs parents.

À SAVOIR

Le diabète gestationnel survient uniquement pendant la grossesse, généralement entre la 24e et la 28e semaine, et disparaît après l’accouchement. Il résulte d’une résistance à l’insuline due aux hormones de grossesse. À l’inverse, le diabète de type 1 est une maladie auto-immune chronique, souvent diagnostiquée chez les jeunes, et le type 2 est lié à l’âge, au surpoids et à un mode de vie sédentaire. Ces deux derniers persistent toute la vie.

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