Par
Margot Nicodème
Publié le
6 juin 2025 à 17h20
C’est l’aboutissement de 8 ans de travail, temps de réflexions et temps de chantier confondus, et un renouveau certain pour le site dit du Tir à l’arc à La Madeleine (Nord). Aujourd’hui, c’est Sensorium : une petite cité à l’entrée de la ville, séparée du Vieux-Lille par le périphérique qui s’étire le long du boulevard Schuman. 18 000 m² de bureaux, dont la moitié est déjà occupée par un même locataire, 135 logements, une crèche, une brasserie à venir, 8 000 m² d’espaces verts… L’après n’a plus rien à voir avec l’avant, un « parking provisoire » malfamé, qui fut occasionnellement le théâtre de la prostitution et du trafic de stupéfiants. La métamorphose est unanimement jugée remarquable, à l’inauguration officielle ce vendredi 6 juin 2025. Visite de ce paquebot vitré et des alentours, portés par deux mastodontes de la promotion immobilière.
Le site Sensorium borde le périphérique et fait face au futur palais de justice, à la limite du Vieux-Lille. Pour le maire Sébastien Leprêtre, c’est « un environnement marqué par une très forte effervescence ». ©Margot NicodèmeSensorium se dévoile à La Madeleine après 8 années : la moitié des bureaux déjà louée
Difficile, en arrivant aux portes de Sensorium, par là même où se dresse une statue peu rassurante, de se remémorer ce qui a précédé ces aménagements pharaoniques. Comme le maire Sébastien Leprêtre l’a expliqué, l’endroit s’apparentait davantage à un terrain vague, servant tantôt de caniparc mal entretenu, tantôt d’arrière cour aux activités de prostitution de l’avenue du Peuple belge. Le trafic de stupéfiants s’y était aussi déporté, à deux pas d’ »un skatepark en fin de vie », décrit l’édile. C’est de l’histoire ancienne : après une cession à 22 millions d’euros, empochés par la municipalité, le site renait de ses cendres.
Une place publique, avec bancs et station V’Lille flambant neuve, s’articule autour de la mystérieuse statue, qui sera dévoilée le 18 juin. ©Margot Nicodème
Ce sont les promoteurs Bouygues Immobilier et Sogeprom-Projectim qui ont livré l’ensemble de bureaux et de logements. Pour la fonction professionnelle, c’étaient 18 000 m² qui étaient mis à disposition ; Malakoff Humanis avait signé un bail pour la moitié de la surface aussitôt qu’en 2022.
Restent donc 9 000 m² à investir, répartis sur 7 niveaux. L’engouement attendu parmi les avocats, alors que le futur tribunal se construit de l’autre côté du carrefour, n’a pas (encore ?) eu lieu. Les salariés de Malakoff Humanis, eux, prendront en tous cas leurs quartiers en septembre 2025. Le cadre est résolument moderne, avec 1 km de balcons, un système de récupération des eaux pluviales pour l’arrosage automatique et les toilettes, ainsi que des panneaux solaires alimentant l’éclairage des parties communes.
135 logements dont 41 relèvent du parc social
Côté logements, il y en a 135 au total, dans cinq bâtiments. 94 sont en accession à la propriété (entre 3 787 € /m² et 4 142€ /m²), les 41 autres relèvent du parc social. Des appartements allant de 40 à 120 m², avec des places de parking, des balcons, un jardin public, et des espaces verts sur les toits. A minima un espace partagé au 4e ou au 5e étage selon les bâtiments, et des parcelles privées pour certains propriétaires.
Après 8 ans d’intense réflexion et de travaux, Sensorium a été inauguré le 6 juin 2025. C’est une cité aux portes de La Madeleine, qui aura, à terme, deux commerces et a déjà une crèche. _ ©Margot Nicodème
La végétalisation a pris une part déterminante dans l’élaboration du projet. Sensorium réunit 8 000 m² d’espaces verts, « en pleine terre et en toiture », pour un total de 300 arbres, acquis il y a plusieurs années chez un pépiniériste local. Une place publique, avec des bancs et une toute nouvelle station V’Lille, a été implantée côté rue du Général de Gaulle. Elle est d’ailleurs surplombée par la mystérieuse statue, qui sera dévoilée le 18 juin prochain.
Pour Sébastien Leprêtre, le positionnement de Sensorium est un critère d’attractivité indiscutable.
« C’est un projet innovant dans un environnement marqué par une très forte effervescence, entre le tramway qui passera juste là (le long du périphérique, ndlr) dans 10 ans, le Metropolitan Square qui n’est pas très loin… Et on peut encore citer la superbe halle scientifique qui a été inaugurée récemment juste en face, au lycée Valentine-Labbé. »
Sébastien Leprêtre, maire de La Madeleine.
Ce sont 8 000 m² d’espaces verts, en pleine terre ou sur les toits, comme ici côté bureaux, qui ont été implantés à Sensorium. ©Margot Nicodème
Les occupants des logements, comme les promeneurs, peuvent profiter d’un jardin public. Au total, 135 logements peuplent Sensorium, dont 41 logements sociaux. ©Margot NicodèmeDes « projets bien plus lourds, bien plus denses » écartés, malgré de plus grosses enveloppes
Le maire revient, enfin, sur la « menace » qui planait sur ce terrain du Tir à l’arc, fin 2017. L’écho d’une acquisition par le ministère de la Justice, pour en faire un parking silo (à plusieurs niveaux), s’était alors fait entendre. La municipalité, le redit-il, « a vu d’un très mauvais œil l’arrivée d’un immense parking ici. C’est la menace à laquelle nous avons échappé. »
Voici à quoi ressemblait le projet Sensorium, à ses premiers. La photo date de septembre 2023. ©Margot Nicodème
20 candidatures avaient alors été récoltées, avec une offre maximale atteignant les 36 millions d’euros, soit 14 millions de plus que la proposition retenue. Elle fut rapidement écartée. « Nous avons renoncé à des projets bien plus lourds, bien plus denses et hauts que Sensorium », conclut Sébastien Leprêtre, manifestant « sa très grande satisfaction », 8 ans après le choix qui fut le sien et celui de son équipe municipale.
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