Trois jours après la découverte des corps en décomposition d’une mère de 64 ans et de ses deux enfants, une jeune femme de 25 ans et son frère jumeau, le mystère reste entier. Mardi 4 juin, boulevard Longchamp, au Pontet, alors qu’un huissier de justice venait procéder à leur expulsion, c’est une famille morte, allongée au sol, sur laquelle il tombe. Mère et enfants gisaient là, à l’étage, sur des matelas depuis « plusieurs mois », selon les médecins légistes qui ont procédé, ce vendredi matin, à leur autopsie, dans le cadre de cette enquête ouverte pour assassinat.

Selon les premiers éléments de l’enquête, la mort ne serait pas due à l’intervention d’un tiers. Aucune trace de fracture ni de coups n’a été relevée sur les corps. Des échantillons de peau, d’autres tissus corporels ainsi que de la bile ont été prélevés et envoyés pour des analyses plus poussées.

Des inscriptions sur les murs et dans des écrits

La question se pose alors concernant la mort silencieuse de cette discrète famille dont la maman est d’origine togolaise (les enfants sont nés à Paris) : comment personne n’a rien vu, ni senti depuis tout ce temps y compris le propriétaire des lieux, qui réside au rez-de-chaussée ?

D’après nos informations, la maison était « très bien isolée. Impossible de se rendre compte de quoi que ce soit : ni odeur, ni humidité. » Les corps étaient bien conservés dans la maison rénovée, dont l’intérieur était propre et bien entretenu.

Surtout, un autre élément interroge qui pourrait très probablement expliquer ce drame : dans l’habitation de cette « pieuse » famille qui vivait recluse et que plusieurs voisins n’avaient pas vue depuis des mois voire des années, des inscriptions en lien avec Dieu, la religion, ornaient certains murs, comme le nom de « Yéhoshoua ».

D’autres écrits retrouvés feraient également allusion à la religion voire à la piste d’une secte régie par les préceptes d’un « pasteur » d’origine congolaise. Cette piste est étudiée de près par les gendarmes de la brigade de recherche d’Avignon. Des téléphones portables ont été saisis avec du matériel informatique. Leur contenu est actuellement décortiqué.

Une mystérieuse fiole retrouvée

À ce stade, il est impossible de déterminer les causes exactes de la mort. Est-ce un suicide collectif ? Les trois personnes auraient pu être consentantes pour mettre fin à leurs jours. Certains émettent l’hypothèse. Ou bien, la mère serait-elle passée à l’acte en empoisonnant ses enfants puis en se donnant la mort ? La piste du double assassinat suivi du suicide est également envisageable. « Mais ça va être très compliqué à connaître la vérité, ce qui s’est réellement passé », souffle un responsable, étonné de cette étrange affaire.

Dans tous les cas, la mort par empoisonnement avec ingestion de substances toxiques est étudiée et même fortement privilégiée. Sur place, des traces de vomissements ont été découvertes et une fiole a été retrouvée. « Son produit va être envoyé au laboratoire, confie-t-on à La Provence. Habituée à manipuler des liquides, la mère de famille concoctait visiblement ses propres mixtures médicamenteuses et en vendait quelques fois. »

Les résultats des analyses sont attendus dans les prochains jours. Ils seront déterminants et essentiels pour faire un peu plus la lumière sur ce drame qui s’est noué à huis clos.