Par
Léa Pippinato
Publié le
6 juin 2025 à 20h28
Le Premier ministre François Bayrou a choisi la Mosson pour une journée entière de travail, ce vendredi 6 juin 2025. Loin d’une simple visite protocolaire, son déplacement a mêlé rencontres de terrain, inaugurations et annonces concrètes. Le chef du gouvernement s’est d’abord rendu à l’école Hypatie, puis au tout nouveau commissariat de police du quartier, avant de présider un Comité interministériel des villes (CIV) au théâtre Jean Vilar. En clôture, il a pris la parole face à la presse, depuis l’arrière de la Maison pour tous Léo Lagrange. Le cadre est symbolique : à deux pas du théâtre, au cœur d’un quartier classé prioritaire, souvent cité pour ses difficultés sociales et son enclavement. Pour François Bayrou, la Mosson devient ainsi vitrine d’une politique nationale de reconquête républicaine des territoires.
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Le centre des impôts, pilier de la reconquête
L’annonce principale de la journée concerne l’installation d’un centre des impôts dans le quartier. Les travaux débuteront fin 2026, pour une ouverture prévue au plus tard le 31 décembre 2028. Ce centre accueillera 130 agents supplémentaires, faisant passer les effectifs locaux de 89 à 219. À ce jour, le gouvernement ne précise pas s’il s’agit de créations nettes ou de transferts d’effectifs déjà existants dans d’autres services.
Pour François Bayrou, cette implantation vise à redonner de la mixité et une dynamique nouvelle à la Mosson : « Ça redevient un endroit de vie, de logement, de travail, d’école, de sport. » Il défend l’idée que la présence de fonctionnaires sur place participera à casser l’image d’un quartier isolé et délaissé.
Académie de police : une promesse toujours en chantier
Deuxième dossier local évoqué : l’académie de police, annoncée en 2021 par Emmanuel Macron. Le projet n’a pas encore abouti, mais les travaux préparatoires avancent. « Le travail a été fait par la préfecture, par les collectivités locales, sur le terrain et sur une déclaration d’utilité publique. Ce travail est en cours », précise le Premier ministre. Le flou reste entier sur le calendrier de réalisation. Certains élus locaux ont exprimé une forme de déception, considérant que les annonces faites ce 6 juin manquaient de nouveauté par rapport au précédent CIV. Le Premier ministre rejette cette critique : « C’est pas du tout ce qu’ils ont exprimé. » Il affirme que les échanges avec les acteurs de terrain ont été « constructifs et positifs », y compris avec les nombreuses associations rencontrées pendant le déjeuner.
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Au-delà des projets locaux, François Bayrou a élargi son propos. Interrogé sur l’agression d’un rabbin à Neuilly-sur-Seine, il a dénoncé un climat de haine inquiétant : « C’est une agression clairement parce que la personne agressée était un rabbin. C’est le déchaînement, la haine. » Pour lui, la France fait face à des attaques qui visent les juifs, les musulmans, et d’autres minorités. Il appelle à une politique ferme : « Aucune faiblesse face aux haines, aucune part à la séparation. » François Bayrou défend une conception exigeante de la laïcité : « La loi protège la foi, mais la foi ne fait pas la loi. » Une phrase qu’il dit souvent utiliser pour résumer sa position.
Crise budgétaire : le gouvernement en alerte
Sur le front économique, le Premier ministre a reconnu l’ampleur du problème. « On est devant un immense problème d’équilibre de nos finances. » Selon lui, les déficits publics atteignent des centaines de milliards pour les dépenses de l’État, et plusieurs dizaines pour la Sécurité sociale. Il rappelle néanmoins une note d’espoir : « La Commission européenne a suspendu la procédure de déficit excessif sur la France. Ça ne veut pas dire que les déficits sont réglés, mais que les engagements sont respectés. » Il promet des annonces concrètes avant le 14 juillet, notamment sur les aides sociales, la Sécurité sociale, et les critères de redistribution.
« La Commission européenne a suspendu la procédure de déficit excessif sur la France. Ça ne veut pas dire que les déficits sont réglés, mais que les engagements sont respectés. »
François Bayrou
Premier ministre
Malgré les difficultés, François Bayrou affiche sa détermination. Interrogé sur la faisabilité d’un tel modèle dans les plus de 1 000 quartiers prioritaires du pays, il assume l’ampleur du défi : « Si j’étais effrayé par les Everest, par les Annapurna, je ne serais pas là. J’ai accepté en connaissance de cause. » Il dit vouloir proposer au pays un « redressement » et un « rééquilibrage », même si cela implique des décisions impopulaires. Il critique les réflexes politiques trop souvent fondés sur l’opposition systématique. « Il faut bien qu’il y en ait pour faire le boulot. »
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