Difficile de définir le cinéma que propose de découvrir le FID. Même son directeur artistique Cyril Neyrat tente, à chaque conférence de presse, de trouver la bonne définition. Alternatif, souverain, singulier dans son écriture… Cette année, il a retenu les termes de « courageux et aventureux », évoquant « un cinéma qui n’a pas peur » et qui « est ouvert à tout, pour se réinventer ». De quoi rappeler les mots d’Agnès Freschel, conseillère d’arrondissement de la marie des 1/7, adjointe déléguée aux cultures, aux mémoires et au quartier Opéra. Pour évoquer le FID, elle a parlé de « liberté de création et de résistance nécessaire dans le monde d’aujourd’hui ». La Ville est en effet partenaire de ce festival qui signe sa 36e édition du 8 au 13 juillet 2025.
La Région en est le partenaire principal, elle qui a fait du cinéma « le cœur battant de la culture sur notre territoire », selon les termes du conseiller régional Bruno Genzana, président de la commission jeunesse, vie étudiante et lien intergénérationnel. Sans ces financements publics (avec aussi le Département et la Drac Paca), le FID n’existerait tout simplement pas, a rappelé son président Yves Robert, qui a salué l’entrée dans le conseil d’administration des comédiens Zita Hanrot et Mathieu Amalric, ainsi que de François Quintin, directeur de la Collection Lambert à Avignon.
Un festival compétitif international avec des films en première mondiale
Ce qui caractérise le FID, c’est d’abord qu’il est un festival compétitif international avec des films en première mondiale. Il est le lieu sensible de la première rencontre d’un film avec son public. Sur 3036 films reçus à la suite d’un appel à candidatures (un chiffre en augmentation), seulement 75 ont été sélectionnés, dont 51 ont rejoint la compétition. À l’issue de ce « travail ardu, long et exigeant » de sélection, le FID présente donc « une carte du cinéma contemporain », « un certain cinéma », dit Cyril Neyrat, « qui n’a pas un accès facile aux salles de cinéma ». Le FID devenant alors comme une sorte de distributeur alternatif.
Plusieurs compétitions rythment la semaine. La compétition internationale compte 14 films choisis selon « un équilibre géographique, entre jeunes cinéastes et confirmés ». Parmi les thématiques traversées, celle de « conjurer le passé » avec Katasumbika du Congolais Petna Ndaliko Katondolo qui explore les liens entre l’époque coloniale et le Congo d’aujourd’hui, As Muitas Mortes de Antonio Parreiras du Brésilien Lucas Parentes sur le voyage d’un peintre au pays des morts ou Alarm Notes sur la vie de Ludwig Koch, juif allemand devenu pionnier de la prise de son. Il y aura aussi des comédies, notamment queer et solaire comme Morte e vida Madalena de Guto Parente (Brésil/Portugal).
Compétitions internationale, française, Flash…
La compétition française est resserrée sur 8 films, dont deux sont des premiers longs-métrages et rejoignent également la compétition des premières œuvres (10 films en lice). Dont celui de la Marseillaise Louise Chevillotte, Si nous habitons un éclair, un essai sur la vie après la mort d’un être aimé. La séquence Flash est consacrée aux formes brèves, comme « un laboratoire d’écriture », où l’on trouve « les prototypes les plus étonnants », provenant d’une multitude de pays (Japon, Palestine, RDC, Indonésie…). Tandis que la section Ciné + est vouée à des films que le FID pousse, encourage, pour une distribution en France ou à l’étranger. Parmi la dizaine proposée, Cartas a mis padres muertos du cinéaste chilien Ignacio Agüero, « le seul à avoir remporté deux Grands Prix du FID ».
Quant aux films hors compétition, ils sont « d’autres joyaux », entre « découvertes et fidélités » (le directeur artistique citant le cinéaste libanais Ghassan Salhab avec No Title, une œuvre sans titre sur la guerre dans le sud du Liban).
Carte blanche au cinéaste roumain Radu Jude
Le FID a pour tradition de donner une carte blanche à un grand nom du cinéma : cette année, il s’agit du cinéaste roumain Radu Jude, « pas assez connu en France », souligne la directrice du FID, Tsveta Dobreva. Prolifique, ayant pour maître Godard, il présentera 17 de ses films dont Kontinental’25 récompensé par le prix du meilleur scénario à la Berlinale 2025 qui sera projeté lors de la soirée d’ouverture au théâtre Silvain le 8 juillet. Une rétrospective (la première hors Amérique latine) sera également consacrée au duo chilien Carolina Adriazola et José Luis Sepulveda, en plus de séances spéciales, dont celle en présence du réalisateur Sébastien Betbeder et de la comédienne Blanche Gardin pour L’incroyable femme des neiges, film soutenu par la Région.
Plus qu’un festival, le FID est un soutien au cinéma à plusieurs endroits, dont l’éducation à l’image en milieu scolaire et dans le champ social en fait partie. On peut citer FID Lab qui accompagne 11 projets de films (sur 400 reçus) de cinéastes émergents et FID Campus, résidence de création à destination d’étudiants en fin d’étude ou tout juste diplômés (seulement 13 y participent). De fait, 150 étudiants provenant de 15 écoles, dont une délégation algérienne, sont invités au festival cette année. De quoi penser le cinéma et les spectateurs de demain.