Par

Antoine Blanchet

Publié le

6 juin 2025 à 20h12
; mis à jour le 6 juin 2025 à 22h24

 

Deux jours éprouvants. Ce vendredi 6 juin 2025, au procès à Nanterre de l’ancien directeur de l’école Saint-Jean-de-Passy à Paris, une peine de cinq ans de prison avec sursis a été prononcée contre Daniel Chapellier pour agression sexuelle. Le prévenu âgé de 75 ans est accusé d’avoir commis des attouchements sur un élève de 14 ans en 2018.

De nombreux témoignages à décharge

Pendant deux jours, deux versions se sont opposées dans le prétoire. D’un côté, celle de Lucas*. Le jeune homme, absent lors du procès, affirme que le prévenu l’a touché dans son bureau et lui avait imposé de toucher ses parties intimes. À l’inverse, l’ancien proviseur, passé par plusieurs établissements privés catholiques comme le collège Stanislas, avait nié en bloc toute agression. Son récit des faits : l’élève aurait baissé son pantalon et lui aurait demandé une fellation. 

Les débats furent intenses et déséquilibrés. Les parents de la victime ont réaffirmé les accusations de leur fils. Dans l’autre hémisphère judiciaire, le prévenu de 76 ans a farouchement balayé les faits, arguant de sa longue expérience sans taches. Ce dernier était épaulé par 11 témoins de moralité. Anciens élèves, fils et collègues se sont relayés pour faire l’éloge de Daniel Chapellier et donner des coups de canif dans la probité de la victime, qualifiée de menteuse, voire déviante sexuellement. 

« Emprise » et « gourou » 

Cette stratégie de la défense a passablement irrité la famille de Lucas et leurs avocates. « J’ai été très choquée sur comment on a tenté d’hypersexualiser un adolescent sans rien démontrer et sans aucun fait circonstancié », s’est indignée l’une des conseils. La pénaliste parle des témoins comme « d’anciens élèves sous emprise qui parlent de monsieur Chapellier comme des petits enfants devant leur paternel ». Sa consœur n’hésite pas à parler d’un gourou. Pour ce côté du prétoire, les faits d’agression sont établis. 

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Côté parquet, on est aussi convaincu de la culpabilité de Daniel Chapellier. On pointe du doigt des « évolutions dans ses déclarations. Même à l’audience ». La magistrate juge peu crédible la version du prévenu, où, sidéré, il n’aurait absolument rien fait face à l’élève en pleine exhibition sexuelle dans son bureau. « Je veux bien qu’on soit estomaqué quelques minutes. Mais les éléments de sidération ne durent pas des heures et des jours ». La procureure dénonce des faits « graves », mais demande au tribunal de prendre en compte le grand âge du prévenu. Elle requiert trois ans de prison avec sursis, ainsi qu’une interdiction définitive d’exercer une activité avec des mineurs. 

La défense met en doute la véracité de l’adolescent

À l’inverse, la défense, représentée par Me Yassine Yakouti et Me Marie Violleau, on dénonce un procès devenu celui des établissements catholiques en général. Dans les plaidoiries, on met en doute la véracité de Lucas. « Est-ce qu’un enfant de 14 ans peut mentir et raconter n’importe quoi ? Je réponds que oui. Personne n’a de totem d’immunité », argue Me Yakouti. Le pénaliste met aussi en avant l’absence d’autres dénonciations d’élèves antérieures aux faits. « L’ypothèse d’un coup de folie. Je n’y adhère pas. Je n’y crois pas », tonne-t-il. 

Finalement, le tribunal a eu la main plus lourde que le parquet. Daniel Chapellier est condamné à 5 années de prison avec sursis. 

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