La ministre allemande de la Justice, Stefanie Hubig, estime que «quiconque attaque ou menace des juges s’en prend au cœur même de notre État de droit».
La ministre allemande de la Justice s’est alarmée vendredi de «diffamations» et d’«attaques» à l’encontre de juges d’un tribunal berlinois qui a récemment estimé illégal le refoulement de trois demandeurs d’asile somaliens, contrecarrant la politique du gouvernement. «Quiconque attaque ou menace des juges s’en prend au cœur même de notre État de droit. Suite aux décisions du tribunal administratif de Berlin concernant les refoulements à la frontière, nous assistons à des attaques massives contre la justice», a déploré Stefanie Hubig lors d’une réunion avec ses homologues régionaux. Elle a jugé ces mises en cause «alarmantes» car elles visent aussi «le droit lui-même et l’idée d’une justice indépendante».
Le renvoi de demandeurs d’asile aux frontières fait partie des mesures phares mises en place par le nouveau gouvernement de Friedrich Merz afin de réduire l’immigration dans le pays. Or il a essuyé un revers judiciaire lundi quand le tribunal a jugé illégal le renvoi des trois Somaliens arrivés de Pologne. Jeudi, deux associations de juges de la capitale ont aussi fait état de «diffamations et menaces personnelles» à l’encontre de trois collègues impliqués dans la décision du tribunal. «Cela va trop loin !», ont-ils déploré dans un communiqué, sans préciser la nature et le support de ces attaques.
Débat sur la politique migratoire
Le tribunal berlinois a estimé que l’Allemagne est, en vertu de la procédure européenne dite de Dublin, contrainte d’examiner si les migrants concernés sont passés au préalable par d’autres pays de l’UE, et de déterminer quel Etat membre est responsable de la demande d’asile. Le ministre de l’Intérieur Alexander Dobrindt avait minimisé la portée du jugement, déclarant vouloir maintenir les refoulements que le gouvernement estime «juridiquement fondés». Si la décision du tribunal n’a de conséquences concrètes que sur les trois cas individuels, elle a attisé le débat sur la politique migratoire.
Mardi, Friedrich Merz a fermement défendu sa politique, alors que l’opposition l’accuse d’être prêt à «violer le droit» pour réduire l’immigration, ce qu’il récuse. «Nous savons que nous pouvons toujours procéder à des refoulements», a assuré le chancelier lors d’un congrès des communes et villes allemandes. Le dirigeant avait promis pendant la campagne électorale de réduire nettement l’immigration dans le pays, après plusieurs agressions mortelles ayant impliqué des étrangers. Il espère ainsi contenir le parti d’extrême-droite AfD, dauphin des dernières élections législatives qui continue de grimper dans les sondages.