Celui qui n’est toujours pas officiellement candidat a proposé de mettre en place la gratuité des transports en commun pour les Lyonnais gagnant moins de 2500 euros net, déclenchant les critiques de la majorité écologiste comme de l’opposition de droite.

Toujours pas officiellement déclaré candidat à la mairie de Lyon, Jean-Michel Aulas a dévoilé une nouvelle proposition s’il venait à l’être. Très actif sur les réseaux sociaux où il remercie ses soutiens déclarés et tance quotidiennement la majorité écologiste, il a cette fois proposé de rendre les transports en commun gratuit pour «tous les Lyonnais qui gagnent moins de 2500 euros/mois». Cela représenterait 100.000 habitants sur 500.000 soit un tiers des adultes, selon l’ex-patron de l’Olympique lyonnais, qui chiffre la dépense à 30 millions d’euros.

Les écologistes ont dénoncé une proposition «démagogique» manquant de «sérieux». Selon eux, cette dernière créerait une rupture entre les 500.000 Lyonnais et l’autre million d’habitants de la métropole de Lyon. De nombreux observateurs et élus ont par ailleurs rappelé qu’une telle décision ne pouvait revenir qu’au président du Sytral, l’autorité qui gère les transports en commun du grand Lyon, pas au maire de Lyon.

«Quand on gagne 2500 € on peut payer un abonnement TCL à 74 € dont la moitié en plus est prise en charge par l’employeur, a attaqué le candidat ciottiste aux dernières législatives, Alexandre Humbert Dupalais, à l’autre bout de l’échiquier politique. Dans tous les cas ce n’est pas une compétence de la ville mais de la Métropole…qui n’aurait aucune raison de consentir à une telle gratuité uniquement pour Lyon intra-muros».

Une proposition saluée par les communistes

Actuellement c’est l’écologiste Bruno Bernard, président de la métropole, qui dirige le Sytral. Opposé à la gratuité totale, il a instauré durant le mandat des mesures de «solidarité ciblée», comme la gratuité pour les enfants de moins de 11 ans et les personnes les plus précaires (bénéficiaires du RSA et leurs ayants droit, bénéficiaires de l’allocation d’adulte handicapé, demandeurs d’asile et leurs ayants droit, entre autres).

Des droits trop peu connus selon le collectif Génération Aulas. «Aujourd’hui, seuls certains bénéficient de tarifs réduits, via des aides peu lisibles, mal connues et largement sous-utilisées (avec un taux de recours moyen de 40 %). Résultat : ceux qui ont le plus besoin du réseau passent à côté de leurs droits»

Sur le plateau de BFM, Béatrice de Montille, conseillère municipale LR candidate à l’investiture pour 2026 face à Pierre Oliver, s’est aussi dite «opposée à la gratuité des transports». «Les Lyonnais veulent des transports plus fréquents, plus sûrs, plus propres, a souligné celle qui s’est pourtant positionnée en soutien de Jean-Michel Aulas. Le prix arrive loin derrière en termes de préoccupations». C’est en effet ce qui apparaît dans le récent rapport de la chambre régionale des comptes sur les finances du Sytral.

Un rapport qui souligne l’endettement conséquent de cette structure gérant les transports en commun à Lyon. Et montre l’importance des ressources générées par les revenus billettiques: 300 millions d’euros l’an passé. La gratuité totale des transports, déjà proposée à gauche par l’ex-adjointe non alignée Nathalie Perrin-Gilbert et le PCF, serait particulièrement coûteuse selon la CRC. Les magistrats financiers spécialisés estiment son coût à 600 millions d’euros annuel à horizon 2030. Cette mesure amputerait d’autant la capacité à investir dans de nouvelles lignes de transports.

À l’inverse le collectif Génération Aulas assure que cette mesure plus ciblée est «finançable par la ville» à 100% «sans augmenter ni la dette, ni les impôts». En plus des économies sur la communication et du gain sur la fraude, il table sur une augmentation des revenus liés à la relance de la construction.

Aulas candidat ou pas ?

Voyant les nombreuses critiques, Jean-Michel Aulas a tenté ce vendredi de donner une expression concrète à sa nouvelle proposition. Il a expliqué avoir rencontré un retraité vivant avec «une pension de 1500€ par mois» dans le 7e arrondissement. «Je paye 750€ de loyer + 250 € de charges, électricité, assurance, etc, 110 € de mutuelle et 50€ d’assurance responsabilité civile. Il me reste à peine de quoi vivre, et 50 € de TCL c’est trop», lui aurait confié la personne âgée. Et Aulas de commenter : «Ma proposition lui rendrait 600 € par an. C’est du pouvoir d’achat. C’est du respect ».

Problème, soulevé par de nombreux internautes de tous bords, les personnes retraitées bénéficient d’un abonnement à 37 euros par mois. Et celles qui ne sont pas imposables, ce qui semble être le cas pour une personne avec une retraite de 1500 euros, doivent eux payer 10,5 euros par mois. «Il n’existe pas d’abonnement TCL à 50€/mois pour nos retraités. N’hésitez pas à nous donner les coordonnées de cette personne pour qu’on puisse l’accompagner. Bonne journée», a de son côté cinglé Bruno Bernard, le président de la métropole.

Au-delà de la proposition, beaucoup d’observateurs ont remis en cause ce chiffrage. Sur la base des données de l’Insee datant de 2022 établissant le salaire horaire à Lyon à 18,5 euros de l’heure, un salaire mensuel de 2500 euros nets constituerait plutôt le salaire moyen à Lyon. L’observatoire des inégalités établissait d’ailleurs le salaire moyen à 2727 euros à Lyon. La gratuité concernerait alors bien plus de 100.000 personnes.

Crédité d’un peu plus de 20% d’intention de vote par plusieurs sondages en cas de candidature, Jean-Michel Aulas a dit attendre le mois de septembre pour faire son choix. Engrangeant chaque semaine de nouveau soutiens d’élus centristes et de droite, il a déjà distillé quelques propositions comme la suppression du cabinet du maire. Il avait aussi annoncé renoncer aux indemnités de maire en cas d’élection, suscitant de nombreuses critiques à gauche.