En résumé
- Le démontage des Joy-Con 2 montre l’usage des potentiomètres sujets au drift.
- Aucune trace de capteurs Hall ni de technologie TMR.
- Les recours judiciaires passés n’ont pas suffi.
Horrible épée de Damoclès pesant sur les joueurs de Nintendo Switch 1 (et sur les usagers de sticks analogiques au sens large), le Joy-Con Drift entraîne un déplacement fantôme du stick analogique, rendant injouables la plupart des jeux. Depuis 2021, plus de 25 000 signalements européens ont conduit le BEUC (Bureau européen des unions de consommateurs) à saisir Bruxelles pour obsolescence programmée, tandis que plusieurs class actions américaines estimaient le préjudice à plusieurs millions de dollars. Nintendo avait répliqué par des réparations gratuites « à vie », mais sans revoir le design fondamental. L’arrivée de la Switch 2, commercialisée le 5 juin 2025, était donc perçue comme l’examen final d’une promesse industrielle : réparer le passé pour rassurer l’avenir. Et Big N avait soigneusement évité le sujet...
Le verdict est tombé dans le 6 juin. En écartant la coque du nouveau Joy-Con, les équipes d’iFixit ont découvert un stick quasi identique à celui de 2017 : même piste en graphite, même patin de contact, même vulnérabilité à l’usure et aux particules de poussière. iFixit a précisé que le module entier est plus difficile à atteindre qu’auparavant, la nappe étant soudée sous d’autres composants, ce qui fait passer la note de réparabilité de 4/10 à 3/10. Aucune documentation officielle ni pièces détachées n’accompagnent pour l’heure la console.
Nintendo avait pourtant laissé filtrer l’étude d’un brevet intégrant un capteur magnétique Hall, censé éliminer le contact physique source d’abrasion. Mais dans son analyse, iFixit a jugé cette option incompatible avec le nouveau système d’attache magnétique des Joy-Con 2, car les puissants aimants qui verrouillent la manette sur les rails latéraux créeraient des interférences de mesure. Quant à la technologie TMR (Tunnel Magneto-Resistance), plus tolérante, elle reste à l’état d’hypothèse et n’apparaît dans aucun des exemplaires de production démontés à ce jour.
La réapparition du Joy-Con Drift sur la Switch 2 pourrait relancer les tensions juridiques autour de Nintendo. Les promesses de réparations gratuites ne suffisent plus face à un défaut non corrigé sur du matériel neuf. La complexité accrue des Joy-Con rend leur remplacement difficile, limitant les recours pour les utilisateurs. Plus largement, la réparabilité de la console recule, avec des choix de conception qui enferment les joueurs dans un écosystème fermé. Composants soudés, absence de pièces détachées et documentation limitée vont à l’encontre des normes émergentes sur le droit à la réparation. En refusant d’accompagner ce mouvement, Nintendo prend le risque de se manger une nouvelle volée de bois vert de la part des unions de consommateurs.
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