En 2025, la France compte environ 1,6 million de donneurs de sang réguliers, représentant environ 4 % de la population en âge de donner. © Freepik 
Depuis plusieurs années, les centres de transfusion du monde entier tirent la sonnette d’alarme. En France, par exemple, l’Établissement français du sang (EFS) estime qu’il faut environ 10 000 dons par jour pour couvrir les besoins nationaux. Or, depuis la pandémie de Covid-19, les dons de sang ont chuté, atteignant des niveaux critiques à plusieurs reprises.
Et ce n’est pas prêt de s’arranger. La population vieillit, ce qui augmente les besoins en transfusions, mais réduit le nombre de donneurs potentiels. Résultat ? Des tensions récurrentes sur les stocks. C’est dans ce contexte tendu que le Japon explore une voie radicalement nouvelle : la fabrication de sang humain artificiel universel. Le Japon ne plaisante pas avec l’innovation médicale. Deux équipes de chercheurs mènent actuellement des travaux de pointe sur le sang artificiel, chacune avec sa méthode.
Du sang fabriqué en labo : science-fiction ou réalité scientifique ? À Nara, des “vésicules d’hémoglobine” prometteuses
Le professeur Hiromi Sakai, de l’Université de Nara, a conçu un sang de synthèse en encapsulant de l’hémoglobine humaine (récupérée dans des poches inutilisables pour le public) dans une membrane artificielle. Ce produit, appelé “vésicule d’hémoglobine”, peut transporter l’oxygène dans l’organisme comme le ferait le sang naturel, tout en étant compatible avec tous les groupes sanguins.
Les premiers essais cliniques ont débuté en mars 2025 sur une dizaine de volontaires sains. Jusqu’à présent, aucun effet secondaire grave n’a été observé selon le rapport publié dans JIM.fr.
À Tokyo, une autre méthode voit rouge… ou violet
À l’Université Chuo de Tokyo, le professeur Teruyuki Komatsu développe une autre version de sang humain artificiel. Son équipe encapsule l’hémoglobine dans des molécules d’albumine (une protéine du plasma), afin d’en améliorer la stabilité et la tolérance.
Petit détail insolite : le produit final est… violet ! Mais il fonctionne bel et bien, assurant le transport de l’oxygène et le maintien de la pression artérielle chez des animaux de laboratoire.
Alors, bientôt un sang artificiel universel ? Ce n’est pas pour demain, mais c’est en bon chemin
C’est bien l’un des objectifs principaux. Un produit compatible avec tous les groupes sanguins, y compris en situation d’urgence. Fini les tests de compatibilité et les erreurs de transfusion.
Autre avantage de taille : ce sang de synthèse peut se conserver jusqu’à 2 ans à température ambiante, voire 5 ans s’il est congelé. Un luxe quand on sait que le sang humain a une durée de vie limitée à six semaines. Cela ouvre des perspectives incroyables pour les zones de guerre, les catastrophes naturelles, ou encore les régions isolées sans accès à des centres de transfusion.
Mais alors, pourquoi n’est-il pas encore utilisé ?
Tout simplement parce qu’on en est encore à la phase de test. Avant d’être autorisé à grande échelle, ce sang humain artificiel devra prouver qu’il est efficace, sûr et reproductible. Il faut aussi s’assurer qu’il ne déclenche pas de réactions immunitaires ni d’effets secondaires à long terme. Si tout se passe bien, les chercheurs espèrent un déploiement d’ici 2030. C’est ambitieux, mais pas irréaliste. Ce sang artificiel pourrait bien changer la donne.
Dans un monde confronté à des crises sanitaires, à des catastrophes naturelles, et à un vieillissement global de la population, disposer d’un substitut au sang humain, produit en laboratoire et utilisable sans contrainte, représenterait une avancée médicale majeure.
À SAVOIR
Selon l’Établissement français du sang, les globules rouges issus de dons humains ne se conservent que 42 jours en moyenne, et les plaquettes seulement 5 jours. Cette durée de vie très courte complique la gestion des stocks, accentuant la dépendance aux dons réguliers et les pénuries.
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