Sur le papier, la rencontre entre le public passionné de Marseille et l’orfèvre des mots d’amour avait tout pour être belle. La communion géante, dans un Orange Vélodrome où s’étaient rassemblés ce vendredi soir 71 500 fans, pourrait presque se passer de mots vu son intensité. C’est dire combien Ed Sheeran était attendu sur une scène centrale surplombée de médiators géants. Qui faisaient à la fois office d’écrans, de clin d’œil à la passion de l’artiste pour la guitare, tout en rappelant une forme de cœur.
Si les plus avisés attendaient à raison Castle on the Hill pour lancer la soirée, personne n’avait vu venir l’arrivée de la star à 20h15 sur scène… où seul Myles Smith s’est produit en première partie, contrairement à Tori Kelly pourtant annoncée. Le compte à rebours décomptant dix minutes a d’abord semé la confusion, avant l’explosion collective quand démarrait le premier tube. Un classique de l’album ÷ (Divide) et une première plongée dans l’intimité du Britannique : la chanson fait référence au château de Framlingham, ville où il a grandi, sans oublier le clin d’œil à une de ses idoles, Elton John.
Accents rock
Second surprise après cette intro, l’enchaînement sur Blow, dont on doit les accords oscillant entre hard rock et heavy metal à Chris Stapleton. Sa voix, comme celle de Bruno Mars, résonnait dans un stade toutes flammes dehors, accompagnées de feux d’artifices multicolores. Car Ed Sheeran, c’est avant tout une pop qui reprenait ses droits, la guitare électrique laissait la place à sa version sèche pour un enchaînement de classiques. Shivers, Don’t ou encore Dive. Entre lesquelles s’intercalait le premier grand frisson, The A Team : « Cette chanson a quinze ans, et je la jouais dans des pubs vides, seul avec ma guitare. »
Imaginez ce que peut ressentir face à une telle foule, seul dans la fosse. Car c’est tout le concept de ce Mathematics Tour, un Ed Sheeran niché avec sa guitare sur une petite scène centrale ouverte à 360°. Et cerclée d’un anneau pivotant, ideal pour approcher chaque partie du public. Si des boîtes à son étaient disposées ci et là pour reprendre certaines instrus, des musiciens installés sur d’autres plateformes accompagnaient le chanteur sur quelques chansons, où la technique le nécessitait.
Cette formule intervenait notamment pour un medley des titres de l’album No.6 Collaborations Project, dont l’énergie tantôt rock, tantôt hip-hop, séduisait le public. Mais pas autant que ces tête-à-tête intimistes en acoustique, sur des hits comme Photograph, Love Yourself et Thinking Out Loud. Cette dernière qui a ouvert tant de mariages depuis sa sortie en 2016 voyait les couples se former le temps d’un slow… renouvelé sur l’ode au romantisme, Perfect. La déclaration d’amour à sa femme, Cherry Seaborn faisait comme souvent couler quelques larmes dans les gradins émus.
L’amour, le bonheur, le deuil
C’est là toute la force d’Ed Sheeran, vous transporter d’une émotion à l’autre. L’amour, le bonheur mais aussi le deuil, avec l’hommage sur Eyes Closed dédiée à son ami Jamal Edwards, décédé en 2022. Le voyage se voulait tout aussi musical, avec les morceaux de l’album Play, qui sortira le 12 septembre prochain. Avant ça, le Vel a découvert Sapphire, une fusion musicale entre pop moderne et influences orientales, appuyée par des instruments indiens traditionnels. Tout aussi colorée, Azizam, « Mon amour » en farsi, rendait hommage à la culture persane, au son du santour. Quand Old Phone nous replongeait dans les messages et photos, dont certaines avec Taylor Swift, d’un ancien téléphone rouvert dix ans plus tard.