Cette action marque le premier acte commun de ces deux formations, menées par Carole Gandon (Révéler Rennes) et Charles Compagnon (Libre d’agir pour Rennes). Aux municipales 2020, le duo s’était présenté en ordre dispersé. Ils avaient été crédités, respectivement, de 17,49 % et de 17,16 % des voix, à l’issue d’un second tour bousculé par la pandémie de Covid. Une lourde défaite.

Depuis, de l’eau a coulé sous les ponts. Depuis juin 2024, les deux groupes n’en forment plus qu’un au sein de la Métropole, même si chacun garde “sa liberté de vote”.

Comme l’explique Le Mensuel de Rennes dans son édition de juin, tout n’est pas joué entre les deux groupes d’opposants sortants. Certes, chacun manifeste une volonté d’union. Avec une concession majeure : Carole Gandon ne réclame pas d’être tête de liste. Pas aujourd’hui en tout cas. « Si tout le monde (le) demande, on va avoir un problème. Il faut d’abord travailler la méthode et le programme. La question du leadership doit se poser le plus tard possible », expliquait-elle en février. Qu’en est-il aujourd’hui ? Dans son entourage, on continue de temporiser. « Vivre Rennes est un préalable au lancement de la campagne. Elle ne préfigure pas la suite. Nous voulons tous l’union. C’est la condition d’une possible alternance. Mais tout n’est pas fait. Loin de là. » À la rentrée de septembre, les discussions entre les deux groupes revêtiront donc une importance majeure.

Une union… sans LR

Reste les autres « chapelles » de la droite et du centre. L’opération Vivre Rennes a reçu l’onction de plusieurs formations, membres du « socle commun » qui soutient le gouvernement : Horizons, le MoDem, l’UDI, Territoires de progrès (macronistes « de gauche ») et le Parti breton. Reste un absent de taille : Thomas Rousseau et Les Républicains (LR).

En 2020, la formation de droite comptait parmi les composantes de la liste de Compagnon. Cinq ans plus tard, Thomas Rousseau, n° 2 de la fédération LR d’Ille-et-Vilaine, s’est lancé dans la course aux municipales, en solitaire, le 5 décembre, sous l’égide de son association, Droite rennaise, rebaptisée “L’Espoir rennais”.

Le retour de la « machine à perdre » ?

Non élu, Thomas Rousseau a toujours assuré avoir tendu la main aux deux sortants. Il a néanmoins choisi de tracer sa route, avec un argument politique : « La droite rennaise n’est plus incarnée, ni par les idées, ni par les valeurs », expliquait-il en mai 2024. En cause ? Le ralliement de Charles Compagnon à Horizons, la formation de l’ex premier ministre, Édouard Philippe, début 2023.

« Charles Compagnon a rejoint la majorité présidentielle et le camp macroniste. À partir de là, nous avons mis un terme à nos relations avec Libre d’agir pour Rennes, assurait Thomas Rousseau. Depuis, nous traçons notre propre chemin pour offrir une alternative aux Rennais. »

Lors de son lancement, « l’Espoir rennais » a créé le scepticisme dans les rangs des oppositions sortantes. En décembre, Charles Compagnon et ses proches craignaient le retour de « la machine à perdre ». Une droite rennaise incapable de s’unir depuis 1977 pour « bouter » la gauche de la tête de la capitale bretonne. Depuis, les choses semblent néanmoins avoir évolué.

Trop à droite pour la droite ?

À moins de 300 jours des municipales, l’absence de Rousseau constitue-t-elle un problème pour Charles Compagnon ? « Il a décidé de partir seul. Et il a le droit. Notre porte reste ouverte », explique l’intéressé, invité de la Rennes politique, le podcast du Télégramme et du Mensuel de Rennes début juin. Avant de préciser. L’absence de Rousseau ? « Il y a ni regret ni remords. Je vous ai dit que Rennes n’est pas à gauche. Je ne pense pas non plus que Rennes soit à droite. Bien au contraire. » (Voir l’extrait vidéo ci-dessous). Cette défection arrange-t-elle Compagnon, qui se revendique sur une ligne centriste, éloignée de LR ? « Je ne sais pas, je ne sais pas, répète-t-il. Je me pose la question. » À défaut d’une réponse claire, son interrogation éclaire…