Par
Clémence Pays
Publié le
7 juin 2025 à 12h56
Le parking Vilaine va être détruit à Rennes. Et si le projet n’a pas fait l’unanimité et a suscité des craintes chez certains – notamment les commerçants du centre-ville – l’heure n’est plus au débat, mais bien à la déconstruction. À l’automne 2025, les 6 000 tonnes de béton qui constituent la dalle du parking seront retirées, bout par bout, pour laisser le fleuve respirer sur 270 mètres de long.
À quelques mois de la fermeture définitive de cette zone de stationnement, la Ville a dressé un nouveau point d’étape du projet de découverture de la Vilaine et de l’aménagement des quais. L’occasion de monter à bord de petits bateaux électriques, pour naviguer sous le bitume et découvrir la face cachée de la dalle Vilaine, vieille de 62 ans.
En quoi est fait le parking Vilaine ?
La dalle qui recouvre la Vilaine et a permis l’aménagement du parking est constituée d’un assemblage de pièces en béton armé.
Les fondations sont faites de chevêtres et de pieux, poutres transversales porteuses et poutres longitudinales, dalles de tablier…
L’ouvrage est recouvert d’un revêtement en enrobé.
Une dalle en mauvais état
En ce matin du vendredi 6 juin 2025, le soleil perce les nuages du ciel rennais et la capitale bretonne est déjà en pleine effervescence. Sur le fleuve, l’ambiance est plus calme malgré le vrombissement des moteurs. À l’approche du parking Vilaine, la lumière baisse.
Sous la dalle, le brouhaha étouffé de la ville laisse place au clapotis de l’eau, dans une obscurité quasi totale. On se croirait presque aux côtés de Bourvil et Louis de Funès fuyant l’Opéra de Paris par les égouts, dans La Grande Vadrouille. Mais l’heure n’est pas à la rigolade.
Sous le parking Vilaine, la structure de la dalle se révèle. Chevêtres et pieux sont en mauvais état. (©Clémence Pays/actu Rennes)
Avec son projecteur, Jean-François Papin, coordinateur des travaux d’aménagement des quais pour la Ville de Rennes, dresse le diagnostic structurel de l’ouvrage. « Ça a très mal vieilli. »
La dalle, les poutres transversales et longitudinales sont dans un bon état, marqué par des désordres mineurs (quelques armatures corrodées, éclats de béton…). Cependant les chevêtres (éléments permettant de relier entre eux les pieux supports du parking) sont dégradés.
Diagnostic structurel réalisé en 2020
En effet, fissures et infiltrations sont visibles. En témoignent les gouttes d’eau qui tombent de la dalle pour se jeter dans le fleuve (ou sur la tête des matelots d’un jour). « Des joins ont disparu, note Jean-François Papin, en montrant quelques trous laissant passer le jour. Faites attention à vos clés quand vous passez par-là. »
Une réhabilitation aussi chère que la déconstruction
Outre la différence entre les normes de construction des années 1960 et celles désormais en vigueur, le coordinateur des travaux révèle un détail qui a son importance.
« Les concepteurs de l’époque n’avaient pas anticipé le poids des véhicules actuels. Normalement, sur un ouvrage comme celui-ci, on limite l’accès à 3,5 tonnes. Mais là, vu l’état du parking, on limite à 2 tonnes. »
Des poutres et des dalles de tablier constituent une partie de la structure de la dalle Vilaine, aujourd’hui fragilisée. (©Clémence Pays/actu Rennes)
Des renforts ont bien été mis en place au début des années 2000, mais là encore, ces installations sont « vieillissantes et parfois hors-service du fait de l’absence de protection anticorrosion sur les parties métalliques », signale le diagnostic de 2020.
« En tout état de cause, nous aurions dû faire des travaux, parce que cette dalle commence à être faible structurellement. Il aurait fallu la renforcer pour 2,5 millions d’euros, ce qui est le même coût que la démolition [du parking Vilaine, N.D.L.R.] », assure Nathalie Appéré, maire de Rennes.
Un lieu d’habitation pour les chauves-souris
Mais sous cette fameuse dalle, on ne trouve pas que du béton et de l’acier. Il y a aussi de la vie. Quelques pigeons volent, tandis que des chauves-souris, plus discrètes, ont trouvé refuge dans les fissures.
La présence de cette espèce protégée avait d’ailleurs retenu l’attention de l’association La Nature en ville, qui craignait pour sa disparition et avait alors alerté la municipalité.
Le parking va être déconstruit à l’automne 2025. Il laissera place à la Vilaine qui traverse le centre-ville de Rennes. 👉 Plus d’infos sur ce projet sur le site d’actu Rennes #rennes #travaux #vilaine #bateau #parking
À ce sujet, la Ville se veut rassurante. Les travaux débuteront avant la période d’hibernation. « Un travail va être fait avec des éclairages spécifiques pour faire fuir les chauves-souris » de la dalle avant la phase de déconstruction.
Une fois le chantier achevé, « des nichoirs seront installés au niveau des arches de la place République » pour permettre le retour des chiroptères, détaille Jean-François Papin.
Quelques fragilités place de la République
La promenade fluviale se poursuit quelques mètres plus loin, soit, en surface, au niveau de la rue de Nemours, point d’entrée de la place de la République. Changement de décor, une fois arrivé sous cette dalle. « C’est le ventre de la baleine. »
Exit les poutres et place aux arches de cette dalle construite en 1912. Le dessous de l’ouvrage laisse entrevoir d’anciens escaliers utilisés par les lavandières. Un vestige du patrimoine qui, une fois les quais réaménagés, permettra aux promeneurs d’emprunter le futur ponton en bord de Vilaine.
La dalle a été en partie reconstruite après la guerre, avec des matériaux moins qualitatifs. L’extrémité est de l’ouvrage est plus fragile. Une attention particulière sera portée dessus pendant les travaux.
Jean-François Papin
Coordinateur des travaux d’aménagement des quais pour la Ville de Rennes
Bien que la structure globale est robuste, une réhabilitation sera nécessaire pour consolider les points de fragilité et les zones dégradées par les infiltrations d’eau. Coût estimé : « environ 2,5 millions d’euros », indique Jean-François Papin.
Sous la dalle République, les arches de la structure bien que solides présentes quelques défauts, comme des infiltrations d’eau. (©Clémence Pays/actu Rennes)
« Cette intervention sera programmée à la suite de la déconstruction du parking, d’avril 2026 à juin 2027 », conclut la Ville.
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