La finale dames, ce samedi, a offert un spectacle haché, nerveux mais haletant qui a, au bout du suspense, vu la victoire de la jeune Américaine face à Aryna Sabalenka.
À l’image du vent qui s’est engouffré dans le court Philippe-Chatrier, la finale s’est montrée capricieuse. Traversée par la nervosité (15 breaks ; 100 fautes directes, dont 70 pour Sabalenka), elle a vu cohabiter coups gagnants et collection de fautes. Un cocktail détonnant. À ce petit jeu, Coco Gauff a su se montrer plus patiente, plus sereine. Victorieuse 6-7 (5/7), 6-2, 6-4 sur sa 2e balle de match. L’Américaine succède à Iga Swiatek (titrée en 2022, 2023 et 2024), offre une nouvelle reine au tournoi. Aryna Sabalenka aura probablement quelques nuits agitées, hantées par les occasions manquées.
Dos à dos avant la finale (5 victoires chacune), Aryna Sabalenka et Coco Gauff avaient également la particularité d’être les joueuses ayant remporté le plus de matches sur terre battue cette année (17). Et, pour les distinguer, dans leur parcours vers la finale, là encore la similitude était frappante, si Sabalenka (tête de série n°1) n’avait laissé filer aucun set, l’Américaine (tête de série n°2) en avait perdu 1. Le duel promettait. Il a été engagé, décousu, insaisissable. Émouvant. Coco Gauff (21 ans), entraînée par le Français Jean-Christophe Faurel, arrache un 2e titre en Grand Chelem (après l’US Open 2023). Aryna Sabalenka encaisse une 2e défaite consécutive en finale de Grand Chelem (après défaite à Melbourne, en janvier contre Madison Keys). Au terme d’un match fou…
Duel total dans le premier set
Comme lors de sa demi-finale victorieuse contre Iga Swiatek, Aryna Sabalenka est entrée en force dans le match, s’est offert un double break pour mener 4-1, avant d’obtenir des balles de 5-1. Portée par la réussite d’un jeu à risque. Une entrée parfaite. Avant la baisse de régime. Brusquement, la Biélorusse imprime moins d’intensité, commet plus des fautes, laisse plus de place à Gauff qui a, sans paniquer, sans s’énerver, su rester dans le match. Et qui, sur sa 5e balle de break, a jailli pour revenir à 4-4 après 37’ (en ayant surfé notamment sur une série de 10 points gagnants). Sabalenka, gênée par le vent, a hurlé, continué à alterner points gagnants et fautes. Le 10e jeu dure plus de 12’. Gauff recolle à 5-5. Le duel est total.
Avec face à face une attaquante pouvant jouer avec les lignes et se laisser emporter par son tempérament (20 coups gagnants ; 32 fautes directes dans le 1er set ; au total 37 points gagnants, 70 fautes directes). Et une joueuse déployant sans relâche une partition défensive impressionnante, une toile d’araignée tissée avec une infinie patience, appuyée sur une impressionnante stabilité émotionnelle et des coups spectaculaires comme celui qui lui permet d’arracher le tie-break sur un sensationnel passing de revers après un smash. Probablement l’un des points du tournoi.
Gauff prend les rênes.. et ne les lâche plus
L’intensité est à son comble dans le tie-break. Gauff mène 4-2. Sabalenka revient à 5-5. Et s’offre, au filet, une balle de set sur un point très bien construit. Et sur sa 3e balle de set, la Biélorusse arrache une manche au cours de laquelle elle est passée par tous les sentiments. 7-6 en 1h17.
Mais dans la foulée, Coco Gauff rebondit, empoche le break d’entrée pour indiquer que ce match haut perché pouvait encore surprendre. L’Américaine se projette avec ambition, mène 4-1. Sabalenka qui ne veut pas se laisser engloutir tient tête. Avec toujours l’alternance entre fautes et points. Points et fautes. Portant la finale ou se retrouvant écrasée par elle. Une partition nuisant à la lisibilité pour une joueuse sur un fil qui laisse filer le 2e set (19 fautes directes) 6-2 en 32’. Sous les yeux de Spike Lee et Dustin Hoffman. Et dans le 3e set, bien lancée, Coco Gauff s’offre le break pour mener 2-1 et ne plus lâcher les rênes du match. Pour conclure sur sa 2e balle de match. Et tomber à la renverse…