DÉCRYPTAGE – Le monde entier se presse sur la Côte d’Azur dès ce samedi 7 juin pour discuter des opportunités économiques offertes par les mers et les océans. Le tout dans une perspective de développement durable.
Le bleu envahit la Côte d’Azur. Monaco accueille ce samedi 7 et dimanche 8 juin un forum sur «l’économie et la finance bleue». Des centaines d’entrepreneurs et d’investisseurs se réunissent pendant deux jours en attendant Emmanuel Macron, en visite dans la Principauté et qui clôturera l’événement dimanche. Dès le lendemain, lundi 9 juin, l’économie bleue sera également l’un des principaux thèmes de discussion de l’Unoc-3, la troisième conférence des Nations unies sur l’océan, organisée à Nice jusqu’au 13 juin.
Mais de quoi parle-t-on, au juste ? L’économie bleue est un concept «parfois abstrait», reconnaît volontiers le Secrétariat général de la mer (SGMer) en France, un organisme placé sous l’autorité du premier ministre. Le SGMer a publié en 2022 un épais rapport sur «l’économie bleue en France», pour décrire cet «ensemble d’activités très variées et différenciées». Les auteurs s’appuyaient sur une définition donnée en 2021 par la Commission européenne, qui évoquait «tous les secteurs et toutes les industries liés aux océans, aux mers et aux côtes».
Des opportunités évaluées à 25.000 milliards de dollars
Ces activités peuvent relever directement du milieu marin, comme le transport maritime, la fourniture de produits de la mer ou la production d’énergie, mais aussi du milieu terrestre avec les ports, les chantiers navals et les infrastructures côtières. C’est bien une «économie», puisque «ces différents secteurs d’activité contribuent à la production, à la distribution et à la consommation des richesses», souligne le SGMer. Et cette économie est dite «bleue» parce qu’elle «prend appui sur les mers, les océans et les littoraux».
Évidemment, l’eau couvrant 72% de la surface de la Terre, cette économie bleue a un certain poids. Cité par l’AFP, Pascal Lamy, ancien directeur général de l’Organisation mondiale du commerce (OMC) et co-président du forum de Monaco, affirme que «l’océan recèle une formidable quantité d’opportunités économiques et financières, d’une valeur estimée à quelque 25.000 milliards de dollars». Mais cette valeur ne pourra «se réaliser» qu’à «une condition» : «que nous, les humains, cessions de la dilapider.» Des propos qui illustrent à quel point, ces dernières années, l’économie bleue est devenue indissociable de la notion de développement durable.
«Exploiter de manière durable»
Au forum de Monaco, entrepreneurs, investisseurs, banques et autres fondations feront ainsi le vœu de développer une exploitation durable, voire régénérative, de l’océan. Ils découvriront des exemples concrets d’activités présentées comme à la fois engagées et rentables : restauration des récifs coralliens aux Maldives, coopératives d’algues en Tanzanie, crédits carbone bleus aux Fidji, navires et ports «verts», etc. «La raison nous dit que, dans le bleu, nous pouvons enfin réaliser cette nouvelle alliance entre l’économie et l’environnement», souligne Pascal Lamy.
Même ambition affichée à Nice, pour l’Unoc-3. Le site du ministère de la transition écologique assure que l’une des priorités du sommet est de «soutenir le développement d’une économie bleue durable», en lien avec l’«objectif de développement durable» numéro 14 de l’ONU (ODD14). Cet ODD14 vise à «conserver et exploiter de manière durable les océans, les mers et les ressources marines». Antonio Guterres, secrétaire général de l’ONU, avait lui-même appelé en mai dernier à «investir massivement» dans «l’économie bleue durable». «L’océan recouvre la plus grande partie de notre planète et en assure la subsistance, écrit-il. Aujourd’hui, toutefois, c’est l’océan qui a besoin de notre aide.»