En chansons, musiques, films jusqu’à son enseignement et récentes miniatures à l’aquarelle , Philippe Poirier traduisait sa quête de beauté et de poésie.

Vivre dans la beauté, se tenant à l’écart de ce qui avilit l’âme. Ainsi avançait-il aux côtés de Sylviane, sa compagne, Roméo son fils, ses amis, artistes, collaborateurs ou simples connaissances.

« Des films exigeants et poétiques  »

« Fauché en plein accomplissement » à 74 ans, comme le souligne Rodolphe Burger l’ami de plus de quarante ans avec lequel avait été fondé le groupe mythique de rock strasbourgeois, Kat Onoma. «  C’est un frère, dit-il qu’il a perdu le 28 avril , un être exceptionnel d’élégance, de délicatesse et de modestie. »

De Dominique A, musicien et chanteur à Gérard Haller, poète, tous les témoignages de ses amis et ceux qui ont travaillé avec “l’amiral Poirier” comme on l’avait surnommé, ravivent son élégance et sa douceur infinie.

Une élégance qui va au-delà d’une mise physique toujours soignée mais sans ostentation. Elle s’entend d’un point de vue éthique. Rien d’étonnant dès lors qu’il a su capter avec sensibilité la pensée du regretté Jean-Luc Nancy. Du philosophe, Philippe Poirier nous laisse en effet, un témoignage essentiel : L’expérience intérieure (60 minutes, 2019). Ce film documentaire écrit avec le philosophe a été produit par Laurent Dené de Sancho & compagnie.

« Cela nous a occupés pendant presque dix ans », indique le Strasbourgeois qui a produit d’autres films de Philippe Poirier – Trait pour trait , un portrait de Tomi Ungerer, toujours visible au musée Ungerer, et Zuber & Cox, impressions panoramiques sur le travail du plasticien Paul Cox à la Manufacture de papiers peints de Rixheim ainsi qu’ Animal museum écrit avec Marie Frering, sur le musée zoologique de Strasbourg.

Ne renoncer à aucun de ses talents

« À chaque fois, j’étais subjugué par la manière dont l’univers de Philippe, ses images, ses musiques, sa narration, sa diction… transcendaient le sujet original pour nous emmener dans des films exigeants et poétiques », remarque Laurent Dené. Le producteur est à l’initiative de cet hommage qui met l’accent sur l’homme d’images. Un créateur qui, toujours en recherche et en découverte, n’a renoncé à aucun de ses talents.

Outre L’expérience intérieure, la soirée construite en partenariat avec Ososphère et Mira, et introduite par le philosophe et écrivain Gilles A. Tiberghien présente d’autres réalisations. Dont Une séquence de 1928 (4 minutes, 2013), montage d’images extraites du fonds Paul Spindler, Mira ; Trop de lumière (5 minutes, 2021), clip musical autoproduit, musique coproduite avec Roméo Poirier. Suivis de Les aiguilles du passé (20 minutes, 2011), création vidéo réalisée à partir de la performance donnée lors de l’Ososphère au Môle Seegmuller.

Dans l’atelier de Philippe Poirier, Laurent Dené dont les bureaux de production se trouvaient sur le même palier, allait souvent « prendre un café assis dans de vieux fauteuils en velours. Entouré par ses travaux en cours, ses dessins, ses peintures, ses pinceaux, ses crayons, ses guitares, une contrebasse posée au sol, un projecteur super 8 et de multiples objets qui donnaient à ce lieu l’allure d’un élégant cabinet de curiosités ».

Cinéma Le Cosmos, 3 rue des Francs-Bourgeois à Strasbourg, lundi 9 juin à 20 h. Entrée libre dans la limite des places disponibles.