Nerfs d’acier et défense de fer, l’Américaine (21 ans) a, dans des conditions délicates, décroché un premier titre à Roland-Garros contre Aryna Sabalenka. Un plaisir. Une fierté.

Sur une dernière faute (la 70e) d’Aryna Sabalenka, Coco Gauff a pu se laisser tomber à la renverse. Victorieuse d’un étonnant marathon 6-7 (5/7), 6-2, 6-4 en 2h38. Un match qui aura souvent tourné. Comme le vent, invité encombrant sur le court Philippe-Chatrier. Un match accompagné d’une rare collection de fautes (70 pour la Biélorusse ; 30 pour l’Américaine). La n°2 mondiale s’inscrivant, au terme d’une rencontre insaisissable mais haletante, comme la première Américaine au palmarès depuis Serena Williams en 2015. Sous les yeux de Spike Lee et Dustin Hoffman, au comble de l’émotion, elle a remercié ses parents («Merci de me permettre de garder les pieds sur terre et de me dépasser») et son staff («Le tennis est un sport individuel mais je suis entourée de gens qui rendent cela formidable»).

En conférence de presse, casquette sur la tête, la coupe posée sous son nez, Coco Gauff (2e trophée en Grand Chelem après l’US Open 2023) est revenue sur une quinzaine parfaite et une folle finale. Extraits.

Les conditions de jeu : «Je ne savais pas si le toit allait être ouvert ou fermé jusqu’à 30 ou 40’ avant le match. Après avoir joué mes deux derniers matchs en intérieur, c’était une tout autre expérience. Je savais que ça n’allait pas être facile ni pour l’une ni pour l’autre. C’était très difficile quand je suis sortie sur le court. J’ai senti le vent parce qu’on s’était échauffées avec le toit fermé. Je me suis dit que cela allait être très difficile et qu’il s’agirait d’une question de volonté et de mental. C’était vraiment une question de quelques derniers points. Dans l’ensemble, je suis très satisfaite de ma lutte d’aujourd’hui, ce n’était pas joli mais efficace (…) Ce n’était pas un jour pour jouer du grand tennis. Je ne connais pas beaucoup de joueurs qui pourraient jouer du grand tennis aujourd’hui, mais ça fait partie du sport et le fait de jouer en extérieur. On ne sait pas à quoi s’attendre, surtout à Paris.»

Comparaison titre US Open 2023-Roland-Garros 2025 : «Le premier titre (en Grand Chelem) était plus émouvant. Je voulais vraiment le gagner parce que pour moi, c’est l’un des tournois quand j’étais plus jeune, où je pensais que j’avais les meilleures chances de gagner. Si j’avais fait ma carrière et sans une victoire ici, cela aurait été dommage. En jouant contre Aryna, il fallait faire de mon mieux pour terminer le match.»

Après les larmes de 2022 et la finale perdue à Paris contre Iga Swiatek : «Je me suis rappelée de la cérémonie quand Iga a gagné, de l’envie d’essayer de tout absorber, de faire attention à chaque détail. Je voulais avoir cette expérience pour moi-même. Quand on a joué l’hymne, je me rappelle que je l’ai regardée, elle était très émue quand ils ont joué l’hymne polonais. Je me suis dit quel moment incroyable. Je me demandais si j’allais y arriver. Avant le match, je pleurais, j’étais nerveuse, je n’arrivais plus à respirer. Je me suis dit : si je n’arrive pas à gérer ça, comment le gérer à nouveau ? Aujourd’hui, j’étais vraiment prête. Je me suis dit : je vais tout donner, peu importe ce qui se passe, je serai fière du résultat.»

Une touche française (le Français Jean-Christophe Faurel est l’un de ses entraîneurs) : «J’ai étudié le français, je me suis dit que j’allais peut-être pouvoir faire une partie du discours en français, mais je n’ai pas réussi. Si j’ai encore une occasion, j’essaierai de dire quelque chose en français, peut-être pas tout un discours. J’ai pensé que je pouvais écrire quelque chose avant le match, mais je ne voulais pas me porter la poisse.»

«Donner aux gens une raison de sourire» : «Il se passe beaucoup de choses dans notre pays actuellement mais le fait de pouvoir représenter mon pays, de représenter les gens qui me ressemblent aux États-Unis et qui ne se sentent pas soutenus en cette période, pour juste être le reflet de l’espoir et de la lumière pour ces personnes. Je me rappelle après les élections, on était un peu démoralisés et ma maman a dit : ‘’Essaie de gagner le tournoi pour donner aux gens une raison de sourire’’. C’est à cela que je pensais en tenant le trophée, en voyant les drapeaux, le public. C’est important.»

Et maintenant ? «Je vais prendre quelques jours de repos. Je suis inscrite pour Berlin pour l’instant, on verra si je joue ou non. Cette partie de la saison est nouvelle, parce que c’est si court et je ne sais pas exactement ce que je vais faire pour l’instant. Je vais en parler avec mon équipe, écouter leur avis pour voir ce qui est mieux, mais je vais me reposer et en profiter et ne pas recommencer à m’entraîner trop rapidement. Je me dis que ce type de chose n’arrive pas si souvent et il faut que j’en profite…»

Propos recueillis en conférence de presse