PORTRAIT – De la Maison-Blanche à l’écurie d’Elon Musk, Katie Miller, ex-conseillère de Trump et épouse du stratège en chef Stephen Miller, sème le trouble dans les hautes sphères politiques. Débauchée par le patron de Tesla, la communicante se retrouve au centre des hostilités.
Dans le dernier feuilleton politico-médiatique made in Washington, un nouveau personnage fait son entrée sur le devant de la scène : Katie Miller. Conseillère dévouée de Donald Trump depuis des années et épouse du controversé Stephen Miller, adjoint au chef de cabinet de la Maison-Blanche, elle a récemment quitté son poste pour rejoindre un tout autre empire : celui d’Elon Musk. Un changement de cap qui n’aurait rien arrangé à la querelle entre le locataire de la Maison-Blanche et son ancien acolyte milliardaire. Certains médias allant même jusqu’à spéculer que l’œil au beurre noir arboré récemment par le patron de X et Tesla serait le résultat d’une altercation avec l’un des deux hommes — furieux de voir Katie Miller passer dans le camp adverse.
«Tolérance zéro»
Katie Miller.
Tom Williams / CQ-Roll Call, Inc via Getty Imag
Titulaire d’un master en administration publique de l’Université George Washington, Katie Waldman – de son vrai nom – a débuté sa carrière politique comme porte-parole du Département de la Sécurité intérieure (DHS) sous l’administration Trump, avant d’être nommée attachée de presse du vice-président Mike Pence en 2017. Née à Bekoff, cette trentenaire et fille d’avocat semble avoir toujours nourri une vive conviction politique. En 2012, alors étudiante à l’Université de Floride, elle participait déjà à des actions engagées, étant membre du Unite Party, formation étudiante d’orientation conservatrice. Parmi elles, le vol de centaines d’exemplaires du journal étudiant The Independent Florida Alligator, coupable selon elle d’avoir publié un article favorable à un candidat rival lors d’une élection étudiante. L’affaire rapportée par The Spectator, une revue étudiante de l’Université du Wisconsin, a été relayée par des titres nationaux comme Vanity Fair.
Plus tard, en 2018, et en tant que porte-parole du DHS, Katie Waldman défendra publiquement la politique de «tolérance zéro» de l’administration Trump, menant à la séparation de plus de 5000 enfants de leurs parents à la frontière américano-mexicaine. Selon NBC News et Vanity Fair, Katie Waldman fait partie de l’équipe chargée d’en assurer la défense médiatique, aux côtés de Stephen Miller, conseiller influent et son futur mari. Ainsi, en février 2020, Katie Waldman devient officiellement Katie Miller lors d’une cérémonie organisée à l’hôtel Trump de Washington, avec le président des États-Unis comme invité d’honneur. Tous deux issus de confession juive, ils sont unis selon un rituel religieux par le rabbin Aryeh Lightstone, alors conseiller à l’ambassade américaine en Israël, rapporte le Guardian . Le couple a aujourd’hui trois enfants, que Stephen Miller expose volontiers sur ses réseaux sociaux.
Fin 2024, alors que Donald Trump retrouve le Bureau ovale, Katie Miller est nommée le 22 décembre au Département de l’Efficacité gouvernementale (DOGE), une structure créée par Trump mais confiée à Elon Musk. Elle y coordonne la communication entre l’administration et les grandes figures du secteur privé. Mais tandis que les tensions montent rapidement entre Musk et Trump, Katie Miller, elle, semble se rapprocher davantage du camp du patron de Tesla. Jusqu’à rejoindre officiellement son équipe en mai 2025, après son départ de la DOGE, pour devenir officiellement sa conseillère en communication. Une défection qui aurait provoqué une onde de choc dans le cercle trumpiste, jusqu’à son mari resté au chevet de la Maison-Blanche.
Depuis, la presse américaine s’en donne à cœur joie. The Telegraph titre ainsi : «Katie Miller, la femme coincée entre Elon Musk et Donald Trump», tandis que le New York Times interroge : «Que peut faire un couple lorsque l’un travaille pour Trump et l’autre pour Musk ?» Un climat qui s’est d’ailleurs alourdi après un tweet incendiaire d’Elon Musk accusant Donald Trump d’être lié à l’affaire Jeffrey Epstein, condamné pour trafic sexuel de mineurs.
Mais alors qu’Elon Musk et Stephen Miller – qui vit toujours avec son épouse – se sont supprimés de tous les réseaux sociaux, Katie, elle, semble poursuivre sa collaboration sans tracas, continuant de repartager les publications de son nouveau patron. Quel dénouement à cette histoire ? À Washington, chacun scrute ainsi les moindres signes de fracture dans ce triangle cocasse de pouvoir.