C’est l’expression même du président de la République. Le vaste Océan qui nous entoure, source de vie, de régulation climatique, dont dépendent directement 3 milliards d’humains, cet Océan est « un Far West ». En haute mer, « se joue la pêche illégale, non-contrôlée, où toutes les activités sont possibles ». Pas de règle, pas de statut, la loi du plus fort et du premier arrivé.

Dans un entretien à Nice-Matin et à la presse régionale, Emmanuel Macron affirme l’ambition diplomatique de la France, forcément grande, à la veille de la troisième conférence des Nations unies sur l’Océan (UNOC-3), co-organisée avec le Costa Rica.

Du 9 au 13 juin, sur le port de Nice, une centaine de délégations internationales vont prendre place, parmi elles, une cinquantaine de responsables politiques de haut rang. C’est beaucoup moins que pour une COP climat, mais le double du précédent UNOC, qui s’était tenu à Lisbonne en 2022. « Il n’y a jamais eu autant de chefs d’États et de gouvernements mobilisés sur les océans. Diplomatiquement, cela n’a jamais existé », capitalise Emmanuel Macron.

Américains, grands absents


Emmanuel Macron est attendu ce dimanche à La Baleine, lieu central de la « Zone verte » de l’UNOC-3. Crédit photo Web uniquement.

Le contexte international ne peut être plus conflictuel, les grands absents – et sans surprise – sont les Américains. « À ce stade, il n’y a aucune garantie de présence fédérale », confirme le président de la République. Dans la logique des grands blocs, l’Europe « arrive groupée sur le sujet », assure-t-il, à l’image de la présidente de la commission européenne, Ursula Von Der Leyen, et du président du Conseil Antonio Costa, tous deux présents à Nice.

« Face à la tentation de retrait américain, [l’objectif] est de mobiliser les Européens et de garder avec nous les Chinois. » Voilà l’équation.

Dans les réunions préparatoires de l’ONU sur le traité de haute mer, la Chine se montre proactive. « J’en ai parlé il y a huit jours avec le président Xi Jinping, ils sont prêts à avancer et ils ratifient », s’enorgueillit Emmanuel Macron qui recevra à Nice, le vice-Premier ministre chinois.

La ratification par 60 nations est une condition sine qua non. « Nice sera l’occasion justement d’avoir les 60 ratifications ou engagements de ratification, qui nous permettront de le faire entrer en vigueur en fin d’année », veut croire un président optimiste, qui en parle sans conditionnel.

Les avancées sur le traité BBNJ (en anglais, Biodiversity Beyond National Juridiction) seront un marqueur de la réussite du sommet, qui concerne les deux tiers des eaux du globe.

Emmanuel Macron trace une ligne de démarcation entre « les pays qui croient dans la recherche libre et indépendante et qui construisent leur action sur cette base, c’est la clé », et ceux qui « voudraient oublier le combat pour le climat et la biodiversité ». Suivez mon regard outre-Atlantique.

Mais à la porte de la France, il y a la question brûlante des aires marines protégées, dans lesquelles les pêcheurs passent légalement leur chalut, un casus belli aux yeux des ONG. « On aura des zones où on va empêcher ces pratiques de chalut de fond, cadre Emmanuel Macron. Là où on a aujourd’hui 4% de protection forte, on passera à un peu plus de 10% de protection, au 1er janvier 2026. » Des annonces sont attendues ces prochains jours.

Au menu diplomatique, figure également la construction d’une coalition en faveur d’un moratoire sur l’extraction minière profonde. La France peut montrer la voie, puisqu’elle-même a changé d’avis sur le sujet – dans des instances internationales, elle s’était abstenue, en 2021 et 2022.

« On ne peut pas se lancer dans une exploitation des grands fonds marins parce que c’est dangereux pour la biodiversité, plaide désormais Emmanuel Macron. Parce que c’est criminel pour le carbone qui se libérerait, et que c’est un élément de fragilisation de notre action en matière de climat. »

L’UNOC parlera aussi décarbonation du transport maritime « initiée au G 7 de Biarritz » ; lutte contre la pollution plastique avec « un plan européen que nous annoncerons ».