Voici plus de dix que Christian Estrosi milite pour la suppression du péage de Saint-Isidore. En vain jusque-là. Le maire de Nice s’est toujours heurté au contrat de concession qui lie l’État à Vinci, gestionnaire de ce tronçon autoroutier. Le verrou de Saint-Isidore semblait protégé par ce cadre juridique, du moins jusqu’à son terme en 2032.

Pourtant, le verrou de Saint Isidore pourrait finalement sauter plus tôt que prévu. « « D’ici deux ans », a annoncé ce vendredi Christian Estrosi sur le plateau d’ICI Azur Matin dont il était l’invité.

Le maire de Nice a expliqué que le nouveau ministre des Transports, Philippe Tabarot, avait « pris des engagements » en ce sens. Contacté, le plus azuréen des membres du gouvernement confirme… Du moins, que « la suppression physique du péage de Saint Isidore pour mettre en place un flux libre » de circulation.

Vers un système de lecture de plaques?

Si les barrières pourraient bien être levées, les usagers de l’autoroute A8 ne doivent pas s’y méprendre: la redevance, elle, risque fort de subsister. Sur le plan financier, le ministre des Transports rejoint l’analyse de ses prédécesseurs: « Le péage ne pourra pas être supprimé avant la fin de la concession de l’A8 confiée à Escota qui se termine en février 2032 », précise-t-il.

En revanche, Philippe Tabarot confirme travailler « à la mise en place d’un flux libre qui permettrait aux usagers de passer sans s’arrêter ». « Cela se fait déjà sur l’A14, à la sortie de Paris en direction de la Normandie. Grâce à un système de lecture de plaques minéralogique », souligne le ministre qui y voit un intérêt en termes « de sécurité et de pollution ».

Pour améliorer la qualité de l’air de 80.000 Niçois

L’impact sur la qualité de l’air c’est d’ailleurs l’argument qu’avait avancé Christian Estrosi en 2023, étude d’AtmoSud à l’appui. « Cette analyse scientifique est sans appel, insiste le maire de Nice. Elle démontre que le péage de Nice Saint-Isidore émet près de 34 tonnes de CO2 par jour, soit plus de 12.400 tonnes par an; 13kg de particules fines par jour, soit plus de 4,7 tonnes par an et 112kg d’oxydes d’azote (NOx) par jour, soit près de 41 tonnes par an. »

Selon l’élu niçois, la suppression de ce péage, même si elle implique une augmentation du trafic de plus de 25%, serait bénéfique à l’environnement local. « La diminution de polluants ne concernerait pas que les habitants aux alentours du péage, mais 80.000 Niçois, soit un quart des habitants de la ville », insiste Christian Estrosi qui déplore également que Nice soit « la seule grande ville de France dont le contournement autoroutier est payant ».

Sur ce volet-là, les usagers de l’autoroute A8 risquent de devoir continuer quelques années à acquitter les droits de passage actuellement fixés à 1,50€. Une manne qui tombe dans l’escarcelle du concessionnaire à chaque passage. Vinci autoroute, qui ne semble pas prêt à y renoncer, se borne pour l’heure à confirmer que le ministre des Transports lui a bien « demandé une étude globale sur le péage de Saint-Isidore ».