Santé mentale au travail : « Écoutez, j’en peux plus, je vais le tuer ! »

Donc, pour une bonne santé mentale au travail, il faut quoi, c’est quoi le message aux managers ?

« Alors, c’est sûr que c’est un discours qui est un peu général, un peu difficile à entendre, mais il faut imaginer la santé mentale comme un jeu de construction. À partir du moment où vous commencez à enlever une brique, il y a un déséquilibre. Donc, il faut se poser la question : est-ce que quand vous enlevez cette brique, c’est temporaire ou pas ? Est-ce que vous allez pouvoir la compenser et préserver l’équilibre ? Et puis, peut-être, il faut aussi se dire que ce n’est pas forcément la faute de l’entreprise. On peut, aussi, sans s’immiscer dans la vie privée, conseiller au salarié qu’on sent humainement en difficulté d’aller voir le médecin du travail parce que lui, il peut ouvrir le dialogue, faire des choses. Vous lui demandez d’appeler le médecin du travail, c’est le médecin du travail qui fera. Le manager est tenu de rester dans une relation normale. Il ne peut pas aller au-delà. Vous n’avez pas le droit d’être intrusif. »

À quel genre de situations explosives êtes-vous confrontés et comment les gérez-vous ?

« Typiquement, c’est l’appel qui dit : “Écoutez, j’en peux plus, je vais le tuer !” Déjà, il y a la gestion du stress. On va faire retomber la pression. Dites-nous ce qu’il se passe… Si vraiment vous avez un problème, vous sortez de votre bureau, vous allez marcher, vous revenez… Dans ces cas-là, on va vous trouver un rendez-vous rapidement. On laisse toujours une place pour les urgences. »

Vous dénoncez les « gourous » du bien-être au travail. Qui sont-ils ?

« Je vise les mutuelles. Elles font un mal fou. Elles font croire qu’il suffit d’une téléconsultation, d’un coup de téléphone ou d’une intervention collective de sensibilisation pour rendre le monde merveilleux. Qu’elles fassent leur boulot de mutuelle. Nous, notre rôle, c’est la prévention. On a des gens qui sont formés pour ça. Une mutuelle ne va pas aller dans une entreprise pour faire le tour de l’entreprise, évaluer les risques. Donc, elle va venir pour calquer un modèle, une sensibilisation généraliste en entreprise. Ça apporte quoi ? La réalité, l’efficacité, l’efficience, elle n’est pas là. Elle est dans une approche de proximité avec des gens qui se déplacent et savent adapter leurs discours et leurs préconisations. Nous, nous avons une force née de la pluridisciplinarité. Et c’est gratuit. Donc, je dis aux entreprises : avant de céder aux sirènes, avant d’aller dépenser 1 € dans un conseil extérieur, appelez-nous. »