Il fermera le 31 août et puis ce sera fini. On préfère prévenir les nostalgiques du parking Vilaine, car dans moins de trois mois, ils ne pourront plus garer leur voiture sur cette dalle recouvrant le fleuve qui traverse Rennes d’Est en Ouest. Et des nostalgiques, il y en a. A commencer par les commerçants du centre-ville, qui s’inquiètent de voir les 249 places de stationnement supprimées. « No parking, no business », crient-ils depuis des années. A ce sujet, la maire a pourtant un discours bien rodé pour éteindre les critiques. « On a calculé, dans le périmètre, il y a 1.600 places sur la voirie et plus de 6.000 places en souterrain. Même les samedis de décembre, ce n’est pas rempli », assure Nathalie Appéré. Le stationnement n’est pas une question. L’attractivité du centre-ville et son adaptation au changement climatique en sont deux autres bien plus cruciales.

Construit dans les années 1960 pour couronner l’apogée de la reine voiture, le parking n’a plus sa place dans le Rennes du deuxième millénaire. Les 6.000 tonnes de béton vont donc être découpées et évacuées. Par camion ? Par bateau ? On le saura bientôt. Le résultat de l’appel d’offres devrait être connu dans une quinzaine de jours.

Une passerelle sera construite au-dessus de la Vilaine une fois le parking détruit. Des pontons et des jardins flottants seront aménagés.Une passerelle sera construite au-dessus de la Vilaine une fois le parking détruit. Des pontons et des jardins flottants seront aménagés. - Phytolab

Le calendrier des travaux est lui déjà connu. Après la fermeture du parking fin août, le chantier de déconstruction démarrera en octobre et durera huit mois. Dans le même temps, la ville réaménagera sa très passante place de la République et les quais, avant d’installer des pontons pour permettre aux Rennais de flâner au bord de l’eau. Une passerelle traversera la rivière et des gradins seront aménagés pour profiter « du lever et du coucher du soleil » sur l’eau.

Un coût élevé, mais assumé

Le coût estimé de l’ensemble de l’opération fait parfois grimacer : 29 millions d’euros. « J’entends parfois que l’on dépense 29 millions pour un parking. Ce n’est pas le cas. Le périmètre est beaucoup plus large. Nous voulons créer un véritable espace vert en cœur de ville. Un lieu pour se rencontrer, pour pique-niquer, pour jouer avec ses enfants. Une opération qui signera le Rennes du XXIe siècle », avance, ambitieuse, Nathalie Appéré (PS).

A ses côtés, le patron de Phytolab est encore plus présomptueux. Christophe Cozette dirige l’agence d’urbanisme nantaise qui a été retenue pour piloter ce chantier. Pour lui, supprimer ce parking, « c’était nécessaire. Il y a parfois eu une incompréhension et même un désamour avec ce fleuve qui est emmuré, canalisé. Tout cela a mis de la distance entre la Vilaine et ses habitants ». L’urbaniste promet de « libérer des espaces pour redonner du calme » et « retrouver l’amour ». Avant ce réenchantement, il faudra passer par une phase de travaux sans doute pénible pour les riverains et les commerçants du secteur. « Oui, il y aura des désagréments », reconnaît la maire, avant de promettre que les nuisances seront limitées.

Une zone de fraîcheur pour les Rennais

La circulation sur les quais restera quant à elle inchangée. Elle sera autorisée aux bus au sud et réservée aux vélos et aux riverains sur la partie nord. Mais l’ensemble sera davantage arboré. Dans cette même ambition de lutter contre les îlots de chaleur, la ville et son maître d’œuvre ont voulu opter pour une végétalisation maximale dans ce secteur particulièrement dense. « C’est un chantier d’ampleur, qui va nous occuper pendant trois ou quatre ans. On doit répondre à un droit légitime à la fraîcheur, même dans le quartier le plus minéral de Rennes », estime Marc Hervé, adjoint à l’urbanisme.

Voici à quoi ressemblera la future place de la République en 2028, après la découverture du parking Vilaine.Voici à quoi ressemblera la future place de la République en 2028, après la découverture du parking Vilaine. - Phytolab

L’ensemble du projet allant de la place de la République à la place de Bretagne devrait être achevé d’ici 2028. La restructuration du palais du Commerce, opérée par Poste Immo, est attendue dans les mêmes délais. Ce dossier traînant en longueur depuis des années, on est en droit d’en douter. « Les choses avancent bien », assure la maire, évoquant le dépôt prochain d’un nouveau permis de construire.