Des frappes russes sur les villes ukrainiennes de Kharkiv et de Kherson ont fait 5 morts et plus de 20 blessés dans la nuit de vendredi à samedi 7 juin, après la promesse de Moscou d’une «riposte» à la destruction d’une partie de sa flotte aérienne dimanche.
Trois morts et au moins dix-sept blessés ont été dénombrés à Kharkiv, la deuxième ville d’Ukraine, qui a subi «l’attaque la plus puissante depuis le début de la guerre» en février 2022, a affirmé son maire, Ihor Terekhov.
Au total, «au moins 40 explosions» ont retenti en un bref laps de temps dans cette cité de quelque 1,4 million d’habitants située à moins de 50 km de la frontière russe, dans le nord-est du pays.
«L’ennemi frappe simultanément avec des missiles, des drones Shahed et des bombes aériennes guidées», a détaillé Terekhov, selon qui au moins 48 Shahed, 2 missiles et 4 bombes guidées ont été employés.
Deux des victimes ont été tuées dans le district de Kyivsky et une autre dans celui d’Osnovyansky, et une vingtaine ont été blessées, a-t-il rapporté.
Un couple de quinquagénaires a par ailleurs péri dans l’attaque qui a touché deux immeubles à Kherson, dans le sud, selon le gouverneur de la région du même nom, Oleksandr Prokudin. Deux personnes ont été blessées, ainsi que deux autres dans la région de Dnipropetrovsk (est).
La Russie avait mené dans la nuit de jeudi à vendredi à l’échelle du pays une de ses attaques les plus massives depuis le début de la guerre, avec 407 drones et 45 missiles, selon l’armée ukrainienne.
Le bilan de cette attaque s’est alourdi samedi à au moins cinq morts avec la découverte du corps d’une jeune femme dans des décombres à Loutsk, près de la frontière polonaise.
Moscou a évoqué vendredi «une riposte» après les attaques ukrainiennes qui ont visé dimanche plusieurs aérodromes russes loin du front, destruction de plusieurs bombardiers à la clé.
Ces frappes interviennent à un moment où les négociations de paix sont dans l’impasse après un deuxième cycle de pourparlers directs entre Russes et Ukrainiens à Istanbul lundi, qui n’ont pas abouti à un cessez-le-feu.
Signe de l’intransigeance de Moscou, tandis que les exigences des deux camps semblent inconciliables, le Kremlin a présenté l’invasion de l’Ukraine, qu’il a déclenchée en février 2022, comme «une question existentielle».
«Pour nous, c’est une question existentielle, celle de nos intérêts nationaux, de la sécurité, de notre avenir et de celui de nos enfants», a déclaré le porte-parole de la présidence russe, Dmitri Peskov.
Le ministère russe de la Défense a dit avoir détruit dans la nuit 36 drones ukrainiens dans les régions de Moscou, de Koursk et de Smolensk notamment.
Cette attaque a conduit à la fermeture momentanée du principal aéroport de Moscou, Cheremetievo, selon les autorités aériennes.
Les forces russes, qui occupent environ 20 % du territoire ukrainien, bombardent quasi quotidiennement des villes ukrainiennes depuis 2022. En riposte, l’Ukraine mène également, quasiment chaque jour, des attaques aériennes en Russie.
A Kharkiv, une ville à majorité russophone, 18 personnes dont 4 enfants avaient déjà été blessées dans des frappes russes jeudi.
L’armée ukrainienne a dit vendredi avoir bombardé de nuit «avec succès» deux autres bases aériennes en Russie, dans les régions de Saratov et de Riazan (centre), assurant avoir frappé des dépôts de carburant.
Après ces frappes russes de grande envergure, les deux parties n’ont eu de cesse ce samedi de s’accuser mutuellement de perturber un échange de 500 prisonniers de guerre de chaque camp, qui doit avoir lieu ce week-end, après un précédent de 1 000 personnes de chaque côté en mai. Ils avaient en outre convenu de remettre les corps sans vie de milliers de militaires.
Selon le négociateur en chef russe Vladimir Medinski, «la partie ukrainienne a reporté de manière inattendue la réception des corps» de soldats tués «et l’échange de prisonniers de guerre à une date indéterminée».
Côté ukrainien, le Quartier général de coordination pour le traitement des prisonniers de guerre a démenti ces déclarations, accusant Moscou de «jeux déloyaux» et de «manipulation».
Cet échange programmé pour ce week-end selon Moscou et Kyiv était le seul résultat concret des pourparlers directs russo-ukrainiens en Turquie lundi. Les deux parties avaient alors convenu de libérer tous les prisonniers de guerre grièvement blessés ou malades, ainsi que ceux âgés de moins de 25 ans, ce qui aurait fait de cet échange le plus important de la guerre après un précédent ayant concerné 1 000 personnes de chaque côté en mai.
A l’issue des négociations d’Istanbul, le président ukrainien Volodymyr Zelensky avait assuré qu’il aurait lieu ce week-end et la Russie avait dit être prête pour samedi, dimanche ou lundi. Ce samedi, Moscou a affirmé avoir transmis une liste à l’Ukraine qui, selon elle, ne «correspond pas» aux termes de l’accord.
Concernant les dépouilles, le négociateur russe Vladimir Medinski a appelé Kyiv à «récupérer les corps de 6 000 soldats» ukrainiens, dont «1 212 sont déjà sur le lieu d’échange». L’Ukraine a répliqué qu’aucune «date n’avait encore été fixée».
Mise à jour à 16 h 15 avec les accusations mutuelles de perturber un échange de prisonniers prévu ce week-end.