C’était il y a à peine quarante ans. Le 24 avril 1985, les cinéphiles français découvraient pour la toute première fois un film à petit budget aujourd’hui entré dans la légende : Terminator. Et par la même occasion celui qui deviendra des années plus tard le roi du box-office, James Cameron.
Mais c’est en Haute-Savoie que le cinéaste canadien a vraiment fait parler de lui dans nos contrées, après son premier long-métrage (Piranha 2) passé totalement inaperçu. À l’occasion du Festival international du film fantastique d’Avoriaz, des spectateurs ont en effet pu entendre résonner pour la première fois dans les enceintes d’un cinéma français le « I’ll be back » (« Je reviendrai », en français) du T-800, implacable machine à tuer campée par un jeune Arnold Schwarzenegger, déjà révélé quelques années plus tôt sous les traits de Conan le barbare dans le film de John Milius.
Sélectionné en compétition officielle, Terminator faisait notamment face aux Griffes de la nuit de Wes Craven, premier opus qui révélera Freddy Krueger, autre protagoniste culte du cinéma d’horreur.
Dans la bataille, c’est finalement, le film de James Cameron qui repartira avec le Grand prix (récompense la plus prestigieuse du festival haut-savoyard). Il aura donc réussi à séduire un jury composé notamment de Robert De Niro (président), Claude Pinoteau, Claude Zidi, Nicole Garcia, Christopher Walken… Rien que ça.
Terminator : Michel Blanc a détesté…
Ce sacre n’a cependant pas plu à tout le monde. À commencer par Michel Blanc dont la critique acerbe du film a été exhumée dans le documentaire Du sang sur la neige, consacré au festival d’Avoriaz : « Hier soir, j’ai vu [au festival d’Avoriaz] un film qui s’appelle The Terminator et qui est d’une bêtise effondrante, filmé comme Starsky et Hutch. Alors si c’est ça, c’est évidemment un peu décevant. Comme en plus il a des chances d’avoir le prix, je tiens à dire que je considère ça comme de la merde. » À défaut d’avoir eu le nez creux, on ne peut pas reprocher à l’inoubliable interprète de Jean-Claude Dusse d’avoir fait preuve de manque de franchise…
…Claude Brasseur aussi
Mais Michel Blanc n’a pas été le seul à avoir été peu convaincu par le deuxième film de la carrière de James Cameron. Claude Brasseur y est aussi allé de son commentaire, dézinguant au passage le futur gouverneur de Californie : « Quand je vois qu’aujourd’hui, l’homme fort est représenté par certains cinéastes par un monsieur qui a été quatre ou cinq fois monsieur univers avec des gros muscles… Ce n’est pas exactement comme ça que je me représente l’homme fort, alors j’ai plutôt tendance à rigoler qu’à y croire. »
Une saga aujourd’hui culte
Malgré ces quelques voix discordantes, le premier Terminator aura connu un vif succès en France en comptabilisant plus de 3 millions d’entrées. Sa suite directe, Le jugement dernier, attirera quant à elle plus de 6 millions de spectateurs français en 1991.
Hormis les Terminator, James Cameron a enchaîné les succès avec Aliens, le retour, Abyss, Titanic… Aujourd’hui accaparé par Avatar et ses suites (le troisième devrait sortir à la fin de l’année), le Canadien devrait bientôt quitter l’univers de Pandora pour adapter au cinéma deux romans historiques de l’écrivain américain Charles Pellegrino sur Hiroshima (To hell and back : the last train from Hiroshima et Ghosts of Hiroshima). Si le premier n’a jamais été publié en France, le second devrait être disponible dans les librairies aux États-Unis en août prochain.
Festival d’Avoriaz : une vitrine victime de son « image bling-bling »
Véritable vitrine du cinéma fantastique, le festival d’Avoriaz a été créé en 1973 par Lionel Chouchan et Gérard Brémond, l’événement a révélé et sacré certains des plus grands réalisateurs de l’histoire : Steven Spielberg, Brian De Palma, George Miller, David Cronenberg…
Malgré le succès, le Festival s’est arrêté en 1993, notamment en raison des infrastructures limitées de la station haut-savoyarde. « On se retrouvait avec une clientèle du style Courchevel, Megève, alors qu’on est une station familiale, sans grandes marques de luxe et sans chalets de 500 m² », expliquait dans nos colonnes Gérard Brémond. « Cette image bling-bling ne collait plus à nos aspirations. »