EN IMAGES – Ce jeudi, et pour la première fois depuis dix ans, le bataillon des marins-pompiers de Marseille a réalisé un exercice grandeur nature dans la très fréquentée calanque de Sormiou. Une évacuation de la zone, en raison d’un supposé feu d’une grande sévérité, a été effectuée.

«On est avisé de l’évacuation de la calanque de Sormiou  par la mer. Il n’y a pour le moment aucune progression du feu .» Le talkie-walkie annonce ce que beaucoup redoutent ici. Un marin-pompier fait le point sur la situation, en cette belle journée aux allures estivales. Dans la calanque de Sormiou, qui comprend 130 cabanons dont certains habités à l’année, les militaires mobilisés ont regroupé sur le port la trentaine de personnes sur place. La calanque n’est accessible que par les lacets d’une route à sens unique, impraticable en raison des flammes. Les habitants n’ont pas le choix : ils doivent être évacués par la mer. Au large, plusieurs bateaux les attendent, dont un bâtiment de la marine d’une capacité de 1000 personnes et une embarcation utilisée habituellement par le parc des calanques pour faire des visites touristiques et réquisitionnée pour l’occasion. Quatre chiens doivent également quitter les lieux en urgence.

Les habitants sont toutefois très calmes. Et pour cause : ce n’est qu’un exercice. Ce jeudi, plus de 200 marins-pompiers ont été mobilisés dans les calanques de Marseille pour une simulation de grande ampleur d’un feu agressif aux portes de la ville. Un «scénario extrême», selon le vice-amiral Lionel Mathieu qui commande le bataillon, mais «redouté», en raison de la difficulté d’accès à la zone. Pendant plusieurs heures, les soldats du feu ont lutté contre un incendie de véhicule qui se serait propagé rapidement jusque dans la très touristique calanque de Sormiou. Les pompiers y débroussaillent chaque année, «préparant l’espace naturel» afin de prévenir le risque d’embrasement. Mais «si le feu s’empare de la route, tout devient différent», explique le vice-amiral.

Exercice de grande ampleur dans les calanques de Marseille

Accéder au diaporama (5)

«Dix ans qu’on réclamait un tel exercice»

«Cette calanque, c’est une souricière, abonde Alain, habitant depuis 25 ans à Sormiou et que tout le monde ici surnomme Lépine. Il faut faire ces exercices pour être rassuré, et que l’évacuation devienne faisable même dans l’affolement général. S’il y avait eu vraiment le feu, on serait déjà en train d’essayer de sauver nos propres cabanons ! On vit ici avec la peur du feu. On a déjà eu des incendies très méchants dans le passé. Bon, pour moi, ça ne sera pas un problème, car j’ai un bateau et je m’en irai avec ! Mais les gens qui n’ont pas de bateau seront dépendants de ceux qui en ont un, ou obligés de se jeter à l’eau s’ils ne veulent pas se retrouver à la merci des flammes!»

«Cela faisait dix ans qu’on réclamait un tel exercice, applaudit André, un autre habitant de la calanque de Sormiou. On avait eu deux grands feux en 1974 et 1979. J’étais là et je m’en souviens! » Aujourd’hui, le risque d’incendie demeure bien réel même si les derniers mois ont été marqués par une pluie inhabituellement abondante à Marseille. «Cela a fait pousser une végétation qui est aujourd’hui assez haute, note le maître Johanne. Chaque intervention est différente, donc ce genre d’exercices est très important pour être prêts.» Près d’elle, un avion survole la zone pour larguer de l’eau, contraignant les marins-pompiers à composer avec les moyens aériens, mais aussi les policiers venus en appui. «L’idée, c’est de répéter nos gammes en termes de coordination», résume le vice-amiral Lionel Mathieu.

À l’issue de cet exercice, les différents acteurs se réuniront pour identifier les points forts et ceux à améliorer si le scénario se reproduisait réellement. «On a pu voir que la qualité de transmission du signal était faible à certains endroits et qu’on avait donc du mal à communiquer, liste-t-il. Certains éléments du paysage ont aussi changé.» Pour André, une inconnue demeure: «Là, ça fonctionne bien parce qu’on est seulement une trentaine. Mais comment cela peut-il se passer quand on a du monde en plein été, comme le week-end dernier où on a eu jusqu’à 8000 personnes ?»