Il est 23h45, le spectacle touche à sa fin quand une voix éraillée entonne dans le noir « Ta ta tin ». On a du mal à y croire, le public aussi de même que les téléspectateurs de M 6, qui ne s’y attendent pas du tout dans cette retransmission en direct, mais l’homme qui apparaît sur la scène du stade Pierre Bérégovoy de Lille (Nord), pantalon noir, perfecto en cuir, santiag et bandana rouge, est bien Renaud. La surprise est énorme pour les 50 000 fans venus assister au show « Stars 80 vs Stars 90 ».

Visiblement très ému, le chanteur de 73 ans prend son micro et se met à interpréter « Dès que le vent soufflera ». L’émotion est palpable à Lille, et sûrement devant les écrans. Il est tout de suite rejoint par une dizaine d’artistes, Jean-Pierre Mader, Vivian Savage…, qui reprennent avec lui son tube sorti en 1983. Même si le regard est fatigué et la voix abîmée, le chanteur semble heureux d’être sur scène. Il reste pour la chanson finale, un autre tube des années 80 et incontournable dans le Nord, « Les corons » de Pierre Bachelet dont il connaît le refrain par cœur.

Même si son premier album est sorti dans les années 70, Renaud a traversé les décennies s’imposant comme une star des années 80 et des années 90, le thème de cette « battle » entre deux groupes d’artistes, emmenés par Sabrina pour les aînés et Ophélie Winter pour les cadets. Loin, très loin du créateur de « Mistral gagnant ». Mais sa génération.

Sa présence à Lille samedi soir était un bel hommage. Le public plus très jeune qui depuis plus de deux heures donnait de la voix comme dans un karaoké géant et s’ondulait au son de hits de sa jeunesse était chaud comme la braise.

Sabrina, Patrick Hernandez, Ophélie Winter, Michael Jones…

Le principe de la soirée est simple, une plongée au cœur des années 80 et 90 et participer à une battle musicale exceptionnelle entre les vedettes des années de ces deux décennies autour de différents thèmes imposés comme « Disco danse » — Patrick Hernandez était l’un de ces héros à cheveux gris — « Girls power » ou encore « Duos mythiques ». Avec les années des tubes qui clignotent. Certains n’avaient connu qu’un énorme succès et puis s’en va. Renaud lui, était là avant, puis après.

Une soirée pailletée et joyeuse qui avait pourtant très mal commencé puisque durant les 2 premières minutes, les téléspectateurs n’avaient pas de son derrière leurs écrans. Très gênant puisque c’était le moment où avait été mise en scène dans les loges aux allures de vestiaire la réunion des artistes juste avant d’entrer dans l’arène. On n’entendait absolument rien et la colère a débordé sur les réseaux sociaux. Le bug a duré deux minutes, jusqu’à l’entrée en scène. Pour différencier les deux « teams », un Teddy bleu pour les uns, rouge pour les autres, d’une décennie à l’autre.

Sabrina, Patrick Hernandez, Phil Barney, William Picard de Début de soirée, Jean-Pierre Mader, Émile, Mario et Jean-Louis d’Émile & Images ou Joniece Jamison pour les bleus années 80, Hélène Ségara, Larusso, Ophélie Winter, Christiane de Zouk Machine ou encore Michael Jones pour les rouges des années 90, il y avait du beau monde dans le stade de la capitale des Flandres.

L’équipe des années 80 a commencé le show avec une reprise de « Je rêvais d’un autre monde » de Téléphone, puis celle des années 90 a enchaîné avec « J’t’emmène au vent » de Louise Attaque. Puis durant plus de deux heures, les tubes de ces deux décennies se sont enchaînés.

La magie Goldman toujours intacte

À l’applaudimètre, sans surprise « Born to Be Alive » avec au micro Patrick Hernandez a explosé les compteurs tous comme « Les démons de Minuit » repris par 50 000 fans connaissant les paroles par cœur et reprenant à l’unisson « Qui ça qui ça ».

Même folie autour de « Je te donne » de Jean-Jacques Goldman chanté par son musicien et partenaire Michael Jones qui, accompagné de toute sa bande d’un soir, a enchaîné sur plusieurs autres tubes du maître, « À nos actes manqués », « Au bout de mes rêves » et « Quand la musique est bonne ». Le public était en transe, la magie Goldman ne prend pas une ride.

Samedi soir, c’est une immense boum parfois un peu longuette mais toujours joyeuse qui s’est tenue à Lille. Jusqu’à l’arrivée non pas du démon de minuit mais du vieux pirate de Paname, bien plus qu’une cerise sur le gâteau, une énorme pochette-surprise.