Les chiffres ne mentent pas, sauf quand on n’a pas tout le détail pour les comprendre. Les immatriculations de mai ont été un sacré cirque, alors ça méritait d’en faire un édito Watt Else pour le 5 juin.
Le marché automobile français est en berne. En mai, tous les indicateurs sont passés au rouge au niveau des immatriculations, et les voitures électriques n’y ont pas coupé. Inutile de rejeter la faute sur les ponts du mois de mai : la comparaison est faite avec l’année précédente, qui en avait tout autant. Et si je vous disais que, pour certains constructeurs, la réalité est encore plus préoccupante ?
Derrière certains bons résultats se cachent parfois quelques manipulations des constructeurs : la principale se nomme « immatriculation tactique ». Il s’agit d’une pratique consistant à gonfler artificiellement les chiffres de ventes avec des voitures qui ne sont pas vendues à des clients finaux, mais immatriculées pour des concessionnaires ou des loueurs. Tout ceci n’est hélas pas sans conséquence.
Gros stock de Citroën électriques chez les loueurs
Il ne faut pas se leurrer, tous les constructeurs sont amenés à utiliser ce genre de pratiques à plus ou moins grande échelle. Stellantis est même réputé pour en user plus que d’autres. La plupart du temps, cela passe sous les radars, mais dans certains cas les chiffres sont tellement improbables que je bloque dessus. C’est le cas en ce mois de mai assez déprimant, où même la R5 voit ses immatriculations baisser. Pourtant, la Citroën ë-C3 se maintient en bonne forme et prend même la tête du classement des électriques avec 1 500 exemplaires immatriculés.
Citroën e-c3 et c3 lors des essais du modèle // Source : Raphaelle Baut pour numerama
La recette miracle ? 1 037 de ces Citroën ë-C3 (69 % des immatriculations du mois) sont à retrouver chez les loueurs de courte durée, pour seulement 174 immatriculations réellement destinées à des particuliers. Les loueurs ont probablement voulu renforcer ou renouveler leurs flottes à l’approche des grandes vacances. Ils ont en tout cas fait une vraie razzia sur plusieurs modèles en mai (Renault Clio, MG3, Citroën C3…). De quoi sauver les apparences.
C’est aussi le cas de la Citroën ë-C3 Aircross. La nouveauté se hisse à la 4e place avec 920 immatriculations, dont 86 % sont attribuées aux loueurs. Ils ont même été servis avant les particuliers.
Le retour de boomerang
Les loueurs de courte durée contribuent à doper le marché de l’occasion avec des modèles récents. Ils ne conservent ces modèles fraîchement immatriculés que quelques semaines ou mois, rarement plus d’un an, le tout avec des accords signés avec les constructeurs directement. Tout ceci est plutôt bénéfique dans l’écosystème automobile. Il y a néanmoins un inconvénient à la pratique. Quand les volumes d’immatriculations « loueurs » d’un modèle sont importants, cela implique aussi une masse de véhicules qui reviennent rapidement en occasion chez le constructeur.
Sur le marché de l’occasion les tarifs de la Fiat 500e dégringolent avant même les retours du leasing social // Source : Fiat
Quand plusieurs milliers de véhicules d’un même modèle arrivent d’un coup sur le marché de l’occasion, si la demande ne suit pas, c’est la valeur du véhicule qui prend une claque. C’est donc un pari qui peut s’avérer risqué. La Citroën ë-C3 pourrait d’ailleurs être un cas d’école. Entre ces gros volumes destinés aux loueurs et ceux qui reviendront dans 2 ans du leasing social, il est fort probable que le modèle se revendra probablement à bas prix en occasion.
Beaucoup d’immatriculations chez les concessionnaires
Hors lancement d’un nouveau véhicule, les immatriculations tactiques chez les concessionnaires sont aussi une arme à double tranchant. Elles font la joie de certains acheteurs qui apprécient les offres remisées de véhicules « zéro kilomètre » ou ceux de démonstration (un peu plus kilométrés). Il ne faut pas non plus que cela pèse trop lourd sur les concessionnaires qui pourraient y perdre des plumes au passage.
Tesla affirme généralement laisser ces pratiques à la concurrence. Pourtant, sur les 5 immatriculations du Model X en mai, 3 étaient destinées aux concessions. Il ne faut jamais dire jamais. Cependant, il faut quand même pointer du doigt que son concurrent chinois a fait fort. La BYD Dolphin Surf a fait une entrée remarquée en 13e place du classement de mai avec 414 immatriculations, sauf que toutes sont pour des concessions. En même temps, les ventes n’ont été ouvertes qu’à la fin du mois de mai, il était évident que ces premières immatriculations ne seraient pas à destination de clients.
BYD Dolphin Surf lors du lancement du modèle fin mai // Source : Raphaelle Baut pour Numerama
Ce n’est pas comme d’autres marques qui passent par ces immatriculations garage pour essayer de sauver les meubles : Abarth, Smart, Vinfast… Plusieurs marques peinent à vendre leurs voitures électriques neuves sans utiliser cette astuce.
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