Parcourir le temps pour mieux comprendre le présent. Ce jeudi 5 juin, le lancement du congrès annuel de la Société française de chirurgie rachidienne (SCFR) a été confié au Dr Pierre Roussouly, chirurgien orthopédique et traumatologie, auteur de nombreux ouvrages scientifiques et, un peu, paléontologue. Après les mots de bienvenue du président et organisateur du congrès, le Dr Nacer Mansouri , neurochirurgien au CHRU de Nancy, Pierre Roussouly a embarqué son auditoire dans l’évolution de l’anatomie humaine. Des premiers hominidés (il y a près de 2 millions d’années) à l’écrasante domination d’homo sapiens, notre espèce, le praticien a remonté la colonne de l’histoire, expliquant comment la bipédie a fait de nous ce que nous sommes, des êtres communicants, doués de créativité et d’ingéniosité. Cette morphogenèse a rappelé combien la posture et la constitution d’homo sapiens nous ont été profitables, notamment en nous permettant d’élargir notre lobe frontal, lequel « agit comme un amplificateur ».

La créativité, le langage…

L’intelligence, les capacités cognitives ne découlent pas du poids du cerveau, ni de son volume, mais de sa plasticité et de l’efficacité de ses réseaux neuronaux. Même s’il a pris la gosse tête au fil des âges, homo sapiens avait un cerveau similaire aux autres espèces humaines et à ses cousins primates. Il se distinguait, en revanche, par un cerveau globulaire. Par rapport à Néandertal, son dernier concurrent dans le buissonnement des espèces humaines, homo sapiens a développé un crâne rond, laissant de la place à l’expansion de certaines zones comme le cervelet, le lobe pariétal et, en particulier, le lobe frontal siège de notre humanité. Cette aire cérébrale contrôle nos actes les plus complexes : la créativité, le langage, le raisonnement… Et tout cela, nous le devrions, en grande partie, mais pas seulement, à la station debout qui a libéré nos mains, poussé notre regard au loin, sculpté notre morphologie pour en faire une arme de conquête du monde robuste et endurante.

Après cette entrée en matière, retour vers le futur pour les quelque quatre cents congressistes venus de toutes les régions de France, mais également de pays frontaliers. Ce rendez-vous annuel de la SCFR est l’occasion pour chacun, étudiants compris, d’accéder aux dernières avancées dans la prise en charge des pathologies du rachis (la colonne vertébrale), mais également dans l’encadrement d’équipes et le management personnel. Un symposium proposait ainsi de s’intéresser à la santé mentale des chirurgiens et aux stratégies pour la préserver. Une autre conférence portait sur la gestion de l’équilibre entre vie professionnelle et vie personnelle, avec le témoignage de médecins athlètes de haut niveau. Un programme foisonnant qui doit se terminer samedi par une matinée de travaux scientifiques introduite par le « Run du souvenir », une mise en jambes au départ du Centre Prouvé, à 6 h 45.