Quand le professeur de français-histoire-géographie, Jérôme Presneau, a parlé à sa classe de seconde bac pro du lycée Perrin-Goussier de la proposition d’élus d’abaisser l’âge du droit de vote à 16 ans, les lycéennes n’ont pas sauté de joie. Pourtant, elles ont aimé débattre dans les locaux de « Ouest-France ».

Trois questions à…

Jérôme Presneau, professeur de français, d’histoire et de géographie au lycée.

Pouvoir voter à 16 ans, c’est une question importante pour un professeur d’histoire ?

Jusqu’à maintenant, ce n’était pas un sujet de discussion avec mes élèves. J’enseigne en lycée professionnel avec des jeunes qui disent que la politique ce n’est pas pour eux. Mais c’est un discours de façade. En les écoutant débattre, en dehors du lycée, je suis en train d’évoluer. En fait, ils s’y intéressent et ont une vraie réflexion tout en mettant en avant un problème de maturité.

Quand vous voyez vos élèves, vous dites-vous qu’ils sont moins politisés qu’avant ?

On ne peut pas généraliser. Ils n’ont pas forcément de conscience politique, mais ils peuvent militer sur un sujet donné comme on l’a vu lors des marches pour le climat. J’ai été aussi impressionné par exemple de la connaissance qu’ils avaient de la communauté des Ouïghours. Ils peuvent être mobilisés et mobilisables sur des sujets très précis. Des élèves en lycée professionnel ont déjà un pied dans le monde des adultes et une conscience de ce qu’est le monde du travail. Le vote pour certains est très important, d’autres expriment un désabusement comme s’ils n’avaient pas de prise sur ce qui se passe.

Pensez-vous que la politique devrait être davantage abordée en cours d’histoire ?

La politique est forcément présente en histoire. On parle d’éducation civique mais pas d’éducation politique. Au début des années 2000, il y a eu l’idée d’un enseignement politique et juridique. Idée abandonnée car le mot politique fait peur. Il y a un tabou. Derrière, se pose la question de la neutralité mais on a des outils pour ça. Quand il se passe quelque chose de grave, comme l’attaque au couteau au lycée Notre-Dame-de-Toutes-Aides, à Nantes, ou quand des enseignants sont tués, les frontières sautent. Je me dis qu’il y aurait un intérêt à faire entrer davantage la société dans nos établissements et dans nos programmes.