Par
Anaelle Montagne
Publié le
5 juin 2025 à 6h38
« Bordeaux n’a jamais autant investi qu’en 2024 », certifie l’adjointe au maire en charge des finances Claudine Bichet. On veut bien la croire. 142 millions d’euros ont été insufflés dans les équipements publics l’année passée, comme le démontre le bilan des politiques publiques. Il tient en un document, « le rapport de transition écologique et sociale », présenté mercredi 3 juin 2025 en conseil municipal.
Le hic avec cet investissement record, c’est qu’il impacte la dette. L’opposition, qui ne manque pas une occasion de dézinguer la mairie écolo en cette campagne municipale, s’en inquiète.
Où vont ces dizaines de millions d’euros ?
Pour bien comprendre ce qui questionne le groupe Bordeaux Ensemble, il faut d’abord saisir ce que cachent ces 142 millions d’euros. Habituellement, la mairie écolo vise plutôt un investissement de 110 millions d’euros par an. Mais elle explique qu’il a fallu rattraper les chocs économiques de l’année précédente, c’est à dire « la crise énergétique, inflationniste, et le déficit de l’État qui impacte les collectivités« .
Et puis ce budget record va vers des « réalisations majeures », insiste Claudine Bichet. Exemples : le groupe scolaire Thiers, l’esplanade Mériadeck, les cours buissonnières (qui représentent le plus gros investissement, pour 18 millions d’euros), le parc à l’arrière de la base sous-marine, la rénovation de la piscine du Grand parc ou encore celle du Musée des arts décoratifs et du design.
Mais tout ça, c’est principalement « de la bonne dette et on la maîtrise », insiste l’adjointe en charge de l’administration Delphine Jamet. Que veut-elle dire par là ?
La bonne dette
« C’est de la bonne dette que d’investir dans la rénovation énergétique par exemple », précise l’élue. Elle cite la hausse récente des prix de l’énergie : « Heureusement qu’on a enlevé 36% de gaz dans notre mix énergétique (le mélange d’énergies consommées par la municipalité, ndlr). Et ce sera toujours ça de moins quand on aura une nouvelle inflation sur ces prix. »
Pourtant, lors du conseil municipal, l’élu de Bordeaux Ensemble Marik Fetouh déplorait entre autres la « santé financière toute relative de Bordeaux », notamment en observant « la dégradation préoccupante des ratios, en particulier sur l’endettement ».
Un endettement qui explose
Marik Fetouh soutient que l’encours de dette (le montant qui n’a pas encore été payé) a progressé de 23% en un an et de 72% sur la totalité du mandat.
Au cours d’une conférence de presse en amont du conseil municipal, l’adjointe en charge des finances avait anticipé ses attaques : « On nous accuse d’endetter la Ville de manière faramineuse, mais l’important avec la dette, c’est notre capacité à la rembourser. »
Et concrètement, les chiffres démontrent que la solvabilité de la Ville est loin d’être dans le rouge. Elle devrait pouvoir se désendetter totalement en 6,1 ans.
« La dette reste soutenable »
Marik Fetouh note cependant qu’en 2020, cette capacité de désendettement était de 4,1 ans. « Si on n’investit pas, on a de super ratios financiers, rétorque Claudine Bichet. L’idée ce n’est pas ça. C’est d’agir, mais que ça reste soutenable pour la Ville, et c’est le cas. »
La Ville n’en a pas fini de défendre son budget : elle risque de devoir répondre de ses choix devant le tribunal administratif de Bordeaux, après le recours déposé par Bordeaux Ensemble.
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